Ils n’y croyaient plus, tant ils avaient si souvent échoué à se faire entendre. Et c’est ce qui explique la joie et la reconnaissance qui se lisaient sur leurs visages et rassortissaient de leurs discours. En effet, ce vendredi 10 février, la Maison des jeunes de Fria a servi de cadre à la cérémonie de lancement de l’opération de paiement des pensions aux retraités et veuves des travailleurs de l’usine Rusal Friguia. Une opération qui découle du volontarisme et des réformes impulsées par le nouveau management à la tête de la Caisse national de sécurité sociale (CNSS). Et pour marquer la solennité de l’évènement, outre le Directeur général de la CNSS, on notait la présence du ministre de la Fonction publique et de celui du Budget. La Cheffe de cabinet du ministère de la Fonction ainsi que les autorités administratives et communales de la cité minière étaient également de la partie.
Au total, ce sont 450 dossiers qui étaient soumis à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Au terme d’un examen minutieux, 198 sont retenus au titre d’un premier lot devant percevoir les pensions. Et pours les bénéficiaires, la cérémonie de ce vendredi rime d’autant plus avec soulagement que depuis 2012 pour certains, et 2013 pour d’autres, ils n’avaient pas perçu les pensions en question. Désormais, c’est l’intégralité de leur dû qu’ils vont toucher. Le Directeur général de la CNSS, Bakary Sylla, mesure lui-même la portée de la cérémonie. Pour lui en effet, ce dont les retraités et les veuves des travailleurs de Fria ont jusqu’ici été victimes relève d’une injustice sociale qu’il est tout heureux de contribuer à redresser. « Des mères de familles qui ont perdu leurs époux, avec à leur charge des orphelins sans aucune source de revenus, des personnes de troisième âge privées de leurs droits à la retraite, s’interrogent depuis trop longtemps sur leur sort avec toute leurs tentatives d’être rétablies dans leur droit », note en premier lieu le DG de la CNSS.
S’il regrette que certains ne soient plus de ce monde pour voir ce jour, Bakary Sylla relève néanmoins que tout n’est pas perdu. En effet, « la beauté de la sécurité sociale est que quand un assuré social cotise, il se protège, mais aussi il protège ses ayants droits, notamment ses enfants, ses conjoints ou conjointes. C’est pourquoi les ayant-droits des assurés décédés, à savoir leurs conjoints et leurs enfants mineurs en charge, bénéficieront de la réversion », assure-t-il. Pour ceux qui ont encore la chance d’être en vie, il leur annonce qu’ils vont dorénavant « jouir de leur plein droit à la pension de retraite ou d’allocation de vieillesse ».
Le ministre de la Fonction publique, de son côté, soulignant que c’est le 5 janvier dernier que les autorités ont été saisies de la requête des veuves de Fria, dit que cette dernière avait été aussitôt inscrite au rang des priorités du gouvernement. « Le chef de l’Etat a instruit au gouvernement et à la CNSS de régler l’ensemble des questions liées aux droits des pensionnés et des veuves. La résolution de ce dossier des travailleurs de l’usine de Fria est une démarche qui catalysera tous nos partenaires en général et ceux de Rusal Friguia en particulier, de faire du droit des travailleurs une priorité. Cette solennité est le lieu de remercier le Colonel Mamadi Doumbouya, à travers lui, l’ensemble des membres du Gouvernement dirigé par le Premier Ministre, Dr. Bernard Goumou, pour avoir donné de l’espoir à des centaines de famille dont le revenu contribuera ainsi par le biais de la perception de leur pension, à améliorer leurs conditions de vie. Également, à la Direction Générale et à l’ensemble des travailleurs et travailleuses de la CNSS pour leur travail », salue Julien Yombouno.
Enfin, au nom des bénéficiaires, tant les retraités que les veuves, le doyen Joseph Niankoye, plutôt ému, commence par remercier le Seigneur. En effet, il n’aurait jamais parié sur sa présence à titre personnel à cette cérémonie. « Nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu du fait que nous, nous soyons là aujourd’hui. Beaucoup voulaient vivre ce moment aujourd’hui, mais ils ont été rappelés à Dieu. Pour nous, aujourd’hui c’est un jour de gloire. Mais c’est grâce à Dieu », indique-t-il. Il salue en outre la clairvoyance et la bravoure des veuves et dit toute sa reconnaissance au président de la Transition. « Nous remercions nos braves veuves qui ont eu le courage d’aller devant le chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumbouya. Nous, on s’est battus, on a écrit, réécrit, on a fait beaucoup des mémos, beaucoup de délégations sont venues, mais la solution tardait à venir. Nous remercions le préfet qui est là aujourd’hui qui nous a dit que la solution, c’est le Président de la République. Aujourd’hui, nous sommes en train de récolter le fruit de notre combat », conclut, heureux, Joseph Niankoye.
Il est à préciser que le Directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) en a profité pour inviter les entreprises privées et parapubliques à déclarer leurs employés à la Caisse. Cela relève de leur devoir, souligne-t-il.
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