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Union africaine : un sommet qui cache un bilan médiocre

Le 25 mai prochain, l’Union africaine, élevée sur les ruines de l’OUA, célébrera le 60ème anniversaire de sa création. Et à l’occasion, on voudra nous servir un bilan forcément élogieux. Mais ce bilan, en réalité, n’est pas si fameux. Il est même plutôt maigrichon, en 60 ans de cheminement. D’autant qu’il s’incarne dans l’ordre du jour du 36ème sommet de l’institution qui s’est tenu le week-end dernier à Addis-Abeba, en Ethiopie. Comme il y a 30-40 ans, quand les dirigeants du continent font leurs retrouvailles sur les hauteurs de la capitale éthiopienne, c’est pour débattre essentiellement des crises qui minent l’Afrique. Il en était question cette fois encore. En effet, on a parlé de la Libye, de l’est de la RD Congo et de l’insoluble crise dans le Sahel. Bien sûr, on a aussi débattu de la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAF), mais là-dessus, on en reste toujours aux nobles intentions. Et pour ne rien arranger à tout cela, voilà qu’on confie la direction de l’Union africaine pour les 12 prochains mois, au président comorien, Azali Assoumani. Qu’il soit le dirigeant d’un petit archipel perdu dans l’Océan indien, là n’est pas fondamentalement le problème. Le hic vient plutôt du fait que lui-même n’a rien d’exemplaire, en tant que leader. Conséquence, on ne peut pas en attendre du miracle, alors que justement, de miracle, l’Afrique en a plus que besoin par les temps qui courent.

Pères-fondateurs

Quand les pères-fondateurs, comme on les appelle, se sont retrouvés en 1963 en Ethiopie pour acter la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ils assignaient à cette dernière, entre autres objectifs d’accompagner le processus de décolonisation du continent africain, de promouvoir l’unité et la solidarité entre les Etats, de coordonner et d’intensifier la coopération pour le développement et de sauvegarder la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats membres. Quasiment 60 ans après, le sommet de l’Union africaine qui s’est clôturé hier, a débattu de la Libye, un pied coupé en deux et à l’intérieur duquel opèrent des mercenaires venant de tous les horizons. Quant à l’unité et à la solidarité entre les Etats, peut-on en parler seulement quand c’est le Rwanda et la RD Congo qui s’entredéchirent par la rébellion du M23 interposée ?

La colonisation demeure toujours d’actualité

Quid de l’intégrité territoriale des Etats membres ? On se contentera de rappeler qu’au Mali et au Burkina Faso, plus de la moitié du territoire échappe au contrôle de l’Etat. Enfin, la colonisation, elle-même, demeure d’actualité aujourd’hui encore, des années après les ‘’indépendances’’. Elle est si présente dans la vie des Africains qu’au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Sénégal, c’est au nom de la souveraineté vraie que la rue crie ‘’France dégage !’’. Mais à coup sûr, le départ de la France ne rendra pas à l’Afrique sa liberté, car au Mali et en Centrafrique, les troupes de l’ancien colon sont remplacées par ceux de Wagner. La milice d’Evgueni Prigojine étant par ailleurs présente en Libye et au Soudan, fait des yeux doux à Ibrahima Traoré, le nouveau maître de l’ancienne Haute Volta. Que dire également du fait que le Soudan, le Mali, le Tchad, la Guinée et ce même Burkina Faso, traversent des périodes de transition consécutives à des coups d’Etat dont chacun d’eux a été le théâtre ?

La ZLECAF et le président Azali Assoumani

Comme on le réalise, l’autopsie des sujets dont le sommet a débattu révèle l’ampleur du manque à gagner et des objectifs loin d’être atteints. Et ce n’est pas l’évocation de la ZLECAF qui suffira à équilibrer la balance. En effet, là aussi, on est loin du compte. A l’image du NEPAD, longtemps agité comme l’arlésienne, la zone de libre-échange continentale risque bien de venir allonger les listes des nobles ambitions que l’Afrique rêvait réaliser mais qu’elle n’a pas pu concrétiser. Si tout le monde en admet la pertinence, certains à l’image du Nigéria rechignent en effet à sauter le pas. Or, il serait très peu probable que le président en exercice de l’institution panafricaine puisse venir à bout de toutes les appréhensions. Président d’un archipel dont l’influence diplomatique n’est pas particulièrement établie, Azali Assoumani n’est pas non plus particulièrement porté sur les principes démocratiques et les droits humains. Les opposants qui ont eu le malheur de se retrouver sur son chemin l’ont appris à leurs dépens, dans la mesure où la plupart d’entre eux sont dans le cachot. Est-ce le dirigeant qu’il fallait à la tête de l’Union africaine en ces périodes marquées tout à la fois par l’incertitude et la défiance des opinions publiques africaines ? L’avenir nous le dira.

Boubacar Sanso Barry  

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