Habituellement, c’est elle qui évalue. Mais dernièrement, c’est l’Autorité nationale de l’assurance qualité dans l’enseignement, la formation, la recherche, elle-même, qui se faisait évaluer dans le cadre du projet « Harmonisation de l’Enseignement supérieur africain, de l’Assurance Qualité et de l’Accréditation (HAQAA2)« . L’évaluation avait été pilotée par des experts de l’Union africaine. Et le mercredi 1er mars 2023, c’est au travers d’un atelier que les responsables de l’ANAQ Guinée ont procédé à la restitution des résultats de cette évaluation à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Et c’est Dr. Diaka Sidibé, la ministre elle-même qui présidait la rencontre.
Mis en œuvre par l’Union africaine, le projet dans le cadre duquel l’ANAQ Guinée a fait l’objet d’évaluation était en outre financé par l’Union européenne. « Il s’agit d’une évaluation pour harmoniser le système d’enseignement supérieur au niveau national et africain… L’objectif des évaluations par HAQAA2, c’est d’évaluer la pertinence du référentiel commun auprès des agences nationales », a expliqué le Pr. Kabinet Oularé, secrétaire exécutif de l’ANAQ Guinée. L’évaluation de l’agence guinéenne procède néanmoins d’un volontarisme de la part de la Guinée. En effet, c’est à la suite d’un appel à candidature de HAQAA que l’ANAQ a soumis un dossier qui a été validé par des experts venus du Maroc, de la RD Congo et de la Suisse. Il en a découlé un rapport d’une trentaine de pages.
Au sujet des enseignements que la commission d’évaluation a relevés, il y a le fait que, selon elle, l’ANAQ Guinée « est souveraine dans l’établissement du calendrier d’évaluation et sa mise en œuvre, souveraine dans la publication des résultats. Elle est aussi adéquate pour la réalisation de sa vision, sa mission et ses objectifs. Les ressources humaines sont recrutées sur la base d’un appel à candidature, le mandat s’exécute de manière professionnelle, efficace et efficiente ». Par ailleurs, ont noté les experts : « l’ANAQ est l’unique instance d’évaluation des établissements et programmes d’enseignement supérieur, d’enseignement technique et de recherche en Guinée. Elle est financée en grande partie (soit 90%) par l’État (Mais) cela n’affecte pas son indépendance opérationnelle ».
Néanmoins, les évaluateurs ont formulé 11 recommandations à l’intention de l’ANAQ Guinée. Des recommandations que les participants à l’atelier de restitution devaient examiner en vue d’en apprécier la pertinence.
Prenant part à la rencontre Dr. Abdel Kader Keïta, Directeur exécutif de l’Agence malienne d’assurance qualité (AMAQ), a avoué que la Guinée est sur la bonne voie : « Notre agence au Mali a fait aussi l’objet d’une évaluation dans le cadre du projet HAQAA2. Donc, c’est une très bonne chose. Quand nous évaluons les autres, c’est très normal que nous nous soumettions aussi à l’évaluation des experts de l’Union africaine et de l’Union européenne. Une évaluation, c’est de vous dire vos forces et faiblesses. Ce à quoi vous devez faire attention pour vous améliorer et surtout vous faire des recommandations pour une amélioration continue. La Guinée a eu son agence 1 ou 2 ans avant nous. Et je pense que la Guinée est un peu en avance par rapport à nous. Beaucoup d’agences sont jalouses de l’agence guinéenne. Elle bénéficie des moyens adéquats pour son bon fonctionnement. Alors qu’au Mali, nous avons eu toutes les difficultés par rapport à l’embargo et tous les problèmes sécuritaires. Donc, bravo à l’ANAQ-GN pour s’être soumise à cette évaluation ».
Présidant la cérémonie de lancement des travaux, Dr. Diaka Sidibé, ministre de l’Enseignement supérieur, a souligné que l’évaluation externe permet de jauger les compétences de l’ANAQ qui a charge de qualification, d’accréditation mais également d’habilitation aussi bien de nos institutions d’enseignement, de recherche mais également au niveau professionnel. « Se faire évaluer par ses pairs aujourd’hui c’est un gage de qualification. Moi je suis très ravie aujourd’hui de pouvoir présenter à l’opinion nationale, à toutes les parties prenantes que les résultats ont été concluants pour notre agence nationale d’assurance qualité (…) Nous sommes rassurés déjà, le gouvernement a trouvé l’initiative très salutaire et nous encourageons notre agence nationale à aller toujours dans la dynamique d’amélioration continue parce que tel est l’essence même de l’auto-évaluation mais aussi l’évaluation par ces pairs », a indiqué Dr. Diaka Sidibé.
La ministre en a surtout profité pour signifier à toutes les institutions d’enseignement supérieur de la Guinée et les institutions de recherche qu’elles ont un ultimatum qui prend fin le 31 décembre 2024, pour faire habiliter les institutions d’enseignement supérieur mais aussi pour accréditer tous leurs programmes. En tout état de cause, annonce-t-elle : « L’accompagnement et le soutien, à savoir l’orientation et la subvention des institutions d’enseignement supérieur public seront désormais assujettis aux résultats de ces évaluations après 2024, telle est la priorité du gouvernement, afin de qualifier le système éducatif national mais également de former un capital humain compétitif et répondant aux besoins du secteur de l’emploi ».
Fodé Soumah