La 6ème édition du Forum mondial sur l’économie sociale et solidaire (Global Forum for Social and Solidarity Economy, GSEF) se poursuit jusqu’au 6 mai 2023 à Dakar au Sénégal. Et ce 3 mai 2023, ce sont les femmes qui étaient à l’honneur au grand théâtre national de Dakar. Prenant part à la cérémonie, Barthélémy Dias, maire de la ville de Dakar a porté son intervention sur les inégalités du genre, ainsi que la contribution des femmes dans les ménages, les systèmes de production de biens et services…
Ci-dessous, nous vous proposons l’intégralité de son intervention
Des inégalités entre les hommes et les femmes
Selon le rapport du World Economic forum, le monde a progressé dans la réduction de l’écart entre les hommes et les femmes de 68,1% en 2022. Toutefois, au rythme actuel, il faudra environ 132 ans pour parvenir à une parité complète entre les hommes et les femmes. Qui parmi vous sera là dans 132 ans ?
Au regard des nombreux obstacles que rencontrent les jeunes filles et les femmes, il ne s’agit pas de parler de parité aujourd’hui, il s’agit d’identifier des conditions d’autonomisation des femmes. Imaginez un monde où les femmes ne sont pas freinées par des barrières et où leur potentiel est vraiment estimé ! Ce monde avec une société forte et inclusive est à portée de main, si seulement nous osons mener le combat. Lorsque nous libérerons le potentiel des femmes, nous libérerons également celui de toute l’humanité.
Des difficultés d’accès au financement
En Afrique, les entreprises dirigées par les femmes font face à un énorme déficit de financement de 42 milliards de dollars, selon la Banque africaine de développement. D’autre part, le manque de formation en gestion entre autres constitue un frein à leur parcours pour contribuer au développement économique. En outre, les structures formelles de financement telles que les banques et les établissements financiers imposent des conditions très difficiles qui diminuent l’accès des femmes au crédit. La microfinance dont le rôle est de répondre aux besoins des populations les plus démunis exige souvent des politiques d’épargne préalables à l’octroi des crédits, conditions difficiles à réunir pour les femmes. La macro finance suffit-elle aux besoins des femmes entrepreneurs pour une activité pérenne ? Certainement pas ! L’accès à l’éducation joue un rôle crucial dans l’amélioration de la mobilité socioéconomique et permet de rompre le cycle de la pauvreté.
Les politiques ont été établis pour aider à améliorer le taux de scolarisation à tous les niveaux en mettant particulièrement l’accent sur les filles. Toutefois, investir dans l’autonomisation des femmes est une priorité absolue compte tenu des défis considérables auxquels elles sont confrontées. Les femmes africaines sont conditionnées à tout gérer : familles, couples, finances, éducation, activités professionnelles. Elles peuvent aujourd’hui faire de cet héritage socioculturel un atout pour leur carrière et le développement de l’Afrique.
De la contribution des femmes au développement socioéconomique
Vous faites bouger les lignes à l’instar de vos sœurs qui s’imposent non sans effort, dans les plus hautes sphères de la finance africaine et mondiale. Vous constituez plus de 50% de la population active dans plusieurs pays, votre force est considérable et les chiffres le prouvent. Vous représentez 70% de la main d’œuvre agricole en Afrique subsaharienne, et produisez jusqu’à 90% des aliments dans certains pays.
Notons qu’en plus de ces problématiques abordées, les femmes sont confrontées à d’autres problèmes qui freinent leur épanouissement, à savoir la déscolarisation, les grossesses non désirées et mariages précoces.
Propos recueillis par Hawa, Depuis Dakar