Nous avons précédemment publié la déclaration du Conseil de l’ordre des avocats via laquelle il dénonce des dysfonctionnements dans la conduite des procédures judiciaires. En l’occurrence, les avocats s’élèvent contre le fait qu’en lieu et place des règles de droit, ce sont des interventions de l’exécutif qui trancheraient dans les différentes procédures. Cela étant notamment illustré par les circonstances dans lesquelles Oumar Sylla, Ibrahima Diallo et Billo Bah ont été libérés le mercredi dernier. Se servant de cas comme exemple, Me Pépé Antoine Lamah, avocat au barreau de Guinée, explique alors la protestation des hommes en robe noire.
L’avocat tient tout d’abord à souligner que le Barreau a pris du temps avant de réagir. Parce qu’il lui fallait disposer d’éléments de preuve tangibles, au-delà notamment des accusations classiques proférées par les avocats d’individus en conflit avec loi. Ainsi, note-t-il, dans le cas de Foniké Menguè et Cie, « les avocats en charge de la défense des intérêts de (ces derniers) avaient attirés l’attention de l’Ordre des avocats sur le fait que la détention de leurs clients n’était pas l’expression de la conviction du juge mais plutôt l’exécution des instructions venant des autorités politiques ». Pour autant, l’ordre des avocats n’avait pas jugé utile de prendre position. Il se trouve cependant qu’avec « ces dernières évolution, tout porte à croire que ce sont les mêmes qui ont été à la manœuvre pour entraîner l’incarcération de ces activistes qui ont agi en dehors de toute procédure juridique, pour occasionner leur remise en liberté », note Me Lamah.
L’avocat rappelant au passage que les trois « activistes étaient en prison depuis plus de 9 mois (et que) le dossier a connu la 1ère instance, la cour d’appel et récemment (elle était) devant la Cour suprême ».
Il y a le fait que le ministre de la Justice ait « annoncé publiquement avoir décidé avec le procureur général de mettre ces détenus à la disposition des leaders religieux ». A ce propos, Me Pépé Antoine Lamah demande : « En vertu de quel pouvoir et sur le fondement de quel texte, le ministre de la justice peut se permettre en co-action avec le procureur général, de mettre les détenus à la disposition des religieux » ?
En guise, de conclusion, Me Antoine souligne que la préoccupation des avocats se ramène au « respect des textes » et à la « défense des valeurs de la justice ».
Aminata Camara