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Sénégal : Macky Sall coupe l’herbe sous les pieds de Sonko

De zéro à héros, c’est l’impressionnant parcours que le président sénégalais a effectué hier le temps de son discours à la nation, assorti de son annonce de ne pas briguer un troisième mandat. Avant cette annonce qui mettait ainsi fin à un suspense qui n’avait que trop duré, Macky Sall était l’incarnation du recul démocratique auquel la sous-région ouest-africaine est confrontée depuis quelques années. Il symbolisait l’autisme qui s’empare des leaders du continent, une fois qu’ils accèdent au pouvoir. Cette maladie qui fait que nos dirigeants, jadis très à l’écoute des critiques constructives et des conseils avisés, n’admettent même plus la plus petite contradiction. Mais à la fin de son message, il était subitement redevenu l’espoir de toute une région. Depuis cette adresse, les messages d’admiration ne cessent de pleuvoir sur les réseaux sociaux. On devine pourtant que cette brusque évolution des choses n’enchante guère l’opposant Ousmane Sonko. En renonçant au troisième mandat, Macky Sall enlève au leader du Pastef, son allié naturel. Parce qu’il est vrai qu’Ousmane Sonko avait jusqu’ici plutôt intelligemment surfé sur le rejet du troisième mandat du président sortant. Maintenant que cette éventualité ne fait plus partie de l’équation, l’opposant devra autrement faire ses preuves.

Veille active et refus d’abdiquer

Dans tout l’espace ouest-africain et au-delà, c’est un ouf de soulagement que les gens ont dû pousser, en apprenant l’annonce faite hier par le président Macky Sall. Dans cette région tourmentée, avec notamment trois transitions à l’issue incertaine, ce choix passe pour une bouée de sauvetage qui demeurait inespérée. D’autant que la majorité des observateurs s’attendaient plutôt à ce que le président sénégalais brigue le troisième mandat. Or, la sombre perspective à laquelle une telle éventualité était associée aurait définitivement enterré la réputation de la région. Merci donc à Macky Sall d’avoir fait le choix de préserver la digue qu’est le Sénégal. Quoiqu’à la différence des partisans fanatiques, nous sommes enclins à penser que son choix lui a été dicté par le sens du réalisme. Car en réalité, c’est à la veille active et au refus d’abdiquer des Sénégalais que l’on doit cette décision salutaire. Macky Sall a certes le mérite de n’avoir pas fait dans l’entêtement. Mais ce n’est pas comme si ses compatriotes lui laissaient le choix. En effet, on imagine à peine ce qui se serait passé ce mardi à Dakar et dans bien d’autres villes sénégalaises, si le président avait choisi d’ignorer les nombreux appels à la raison qui lui ont été lancés.

Sonko, une création involontaire

Cependant, sa non-candidature ne fait pas que des heureux. En particulier, l’opposant Ousmane Sonko ne doit pas en être content. Totalement inconnu de l’échiquier politique à la prise du pouvoir de Macky Sall, en 2012, Ousmane Sonko n’est en effet qu’une création involontaire du président sortant. Cet opposant-là, Macky l’a façonné et entretenu, en en faisant une victime de son régime. Et ce dernier, à son tour, a intelligemment exploité ce statut à son profit, en utilisant le créneau qu’offrent les réseaux sociaux. La tâche lui était d’autant plus facile que tous les autres opposants qui comptent étaient embastillés ou contraints à l’exil. Ces dernières années, l’essentiel de son aura, Ousmane Sonko le tirait de son opposition au troisième mandat de Macky Sall. C’était son fond de campagne. Les Sénégalais se pressaient à ses pieds, parce qu’il passait pour l’unique alternative à une troisième présidence de Macky Sall. Ce n’est pas qu’on tenait à lui, mais on était prêt à l’utiliser pour barrer la route au président sortant. Comme on avait fait de Macky lui-même en 2012 pour refuser à Abdoulaye Wade son troisième mandat. Maintenant que Macky ne postule plus, la donne change indéniablement. Or, à cela s’ajoute la perspective de retour de Karim Wade et de Khalifa Sall sur l’échiquier politique.

La tâche suffisamment compliquée pour Sonko

Ainsi donc, s’il ne brigue pas un nouveau mandat, Macky Sall s’est néanmoins assuré de rendre la tâche suffisamment compliquée pour son principal opposant. En tout cas, Sonko devra désormais démontrer de sa capacité de mobilisation dans un contexte qui n’est pas celui d’un troisième mandat et dans une situation de concurrence saine avec d’autres leaders d’envergure de la classe politique sénégalaise. Sera-t-il à la hauteur ? La question reste posée.

Boubacar Sanso Barry

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