L’audience du tribunal criminel du 11 octobre 2023, dans le cadre du procès des auteurs et commanditaires du massacre du 28 septembre, a vu comparaître, Ramatoulaye Barry, une autre partie civile. Ramatoulaye représentait, sa grande sœur, absente du pays pour des raisons de santé, mais qui avait perdu son époux, au cours du massacre perpétré en 2009, contre les opposants réunis dans l’enceinte du stade du 28 septembre.
Selon Ramatoulaye Barry, son beau-frère Alpha Oumar Barry – mari de sa sœur Kadiatou Barry, résidait en Allemagne. La manifestation du 28 septembre avait alors coïncidé avec un congé qu’il passait auprès de sa famille. A la base, c’est lui et son épouse qui avaient décidé de prendre part à la manifestation. Mais au dernier moment, Kadiatou Barry est empêchée en raison des taches ménagères. « Mon beau-frère s’est rendu au stade aux environs de 07h du matin, alors que ma sœur faisait la lessive. Mais elle-même se pressait de finir pour rejoindre son mari au stade. D’autant qu’entre temps, son mari l’avait appelée pour lui décrire l’ambiance qui régnait dans le stade, tout en lui demandant de se presser de le rejoindre, car le stade se remplissait. Mais 30 min plus tard, alors que ma sœur était déjà en route, son mari l’a de nouveau appelée pour lui dire de ne plus venir car les bérets rouges lourdement armée sont rentré au stade et sont étaient en train de tirer à bout portant sur les manifestants ».
Cet appel a le don de la plonger dans une grande panique. Mais elle ne rebrousse pas chemin. Elle veut se résoudre à continuer. Mais la situation s’étant plutôt détériorée, elle ne peut pas arriver à Dixinn. Elle appelle alors sans cesse sur le numéro de son époux. Aucune réponse désormais. Ce n’est qu’après 9 heures du temps plus tard quelqu’un décroche le téléphone. Mais c’est une voix féminine qu’elle ne peut identifier qui prétend que c’est à elle le téléphone. D’ailleurs, elle s’empresse de raccrocher au nez de l’épouse inquiète.
Affolée par la perspective que le pire ait pu arriver son époux, elle passe toute la soirée de ce lundi d’horreur à chercher ce soir, dans les camps militaires, les hôpitaux et autres lieux de détention. En vain. Et même, « le vendredi 2 octobre 2009, quand ils ont exposé les corps à la mosquée Fayçal, celui de mon beau-frère n’y était pas », rapporte Ramatoulaye Barry à la barre.
Finalement, c’est via les vidéos et images photos prises au stade qu’elle reconnaîtra son mari parmi les corps laissés sur place. « Ma sœur s’est intéressée aux vidéos et images prises au stade ce jour. C’est ainsi qu’elle a reconnu le corps de son mari ainsi que plusieurs autres sur une des images des victimes allongées à l’intérieur du stade », indique la belle-sœur du défunt. Au-delà de la douleur liée à la perte d’un être cher, de cette perte, la veuve Kadiatou en a souffert par rapport à ses conditions de vie. « Ma sœur était étudiante à l’époque et elle a traversé des moments difficiles de sa vie », souligne aujourd’hui sa sœur. Et c’est en raison de tous ces dommages physiques et moraux que Kadiatou s’est jointe aux autres victimes, en constituant parties civiles.
Outre les sanctions qu’elle appelle à administrer à ceux qui seront reconnus coupables dans le cadre de ce procès, Ramatoulaye souhaite que le corps de son défunt beau-frère soit restitué à la famille.
Aminata Camara