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Bernard Goumou vs Charles Wright : le général Doumbouya doit trancher

Impossible qu’il ne fasse rien. Cette guerre ouverte au sommet de l’Etat, via cet échange épistolaire caustique entre le chef du gouvernement et le ministre de la Justice, le président de la Transition ne peut pas faire l’impasse dessus. Il en va tout à la fois de son autorité et de la sérénité à l’intérieur du gouvernement. Entre Bernard Goumou et Charles Wright, l’un doit abandonner le navire. Et logiquement, c’est le second qui devrait subir la sanction pour servir d’exemple. Mais la logique est-elle ce qui guide la gestion de cette transition ? Ce n’est pas certain.

Niveau de crise sans précédent

La cohésion à l’intérieur du gouvernement, elle n’a peut-être jamais existé depuis le début de cette transition. De même, il est de notoriété publique que l’autorité du premier ministre – aussi bien Mohamed Béavogui que Bernard Goumou – il n’y en a jamais eu. Dans l’équipe composée par le général Mamadi Doumbouya au lendemain de l’éviction d’Alpha Condé, il y a toujours eu des super ministres pouvant se passer des autorisations du premier ministre et s’autorisant allègrement à outrepasser les limites à eux tracées par ce dernier. Mais jamais, on n’avait atteint le niveau de crise aujourd’hui incarnée par l’échange de ces courriers entre Bernard Goumou et Charles Wright. Mohamed Béavogui, lui, après avoir pris la mesure de la situation, avait prudemment accepté de se faire pousser vers la sortie.

Exaspération

De la passe d’armes épistolaire entre le chef du gouvernement et le Garde des sceaux, on en apprend pourtant des choses sur le fonctionnement du gouvernement. Il nous est ainsi révélé que dans ce gouvernement, un ministre peut s’autoriser des actes aussi sensibles que le fait d’interdire à des citoyens de sortir du pays, sans en référer ni au premier ministre, ni à priori au président de la Transition. Qu’il peut, sur les bases d’informations à sa seule discrétion, prendre des décisions dont les conséquences peuvent affecter le fonctionnement de l’administration et de l’Etat. On en apprend aussi que ce n’est certainement pas la première fois que le chef du gouvernement est mis devant le fait accompli. D’où la colère qui transparait de son courrier à Charles Wright et qui est le reflet d’une exaspération, d’un agacement qui frôle la limite de l’acceptable. Il nous est par ailleurs confirmé que le premier ministre est notoirement impuissant face en particulier au ministre de la Justice. Au point qu’il est obligé de solliciter « humblement » l’arbitrage de la présidence de la République via le ministre secrétaire général de la présidence, général Amara Camara.

La posture de savant

Et tout cela, le courrier-réponse du ministre Charles Wright le confirme éloquemment. D’abord, il ne conçoit pas que c’est lui qui, en amont, aurait dû partager les projets de ses décisions avec le premier ministre, son chef hiérarchique. Adoptant volontiers la posture du savant face à un Bernard Goumou relégué au statut du cadre moyen qui ne comprend rien au fonctionnement de la justice, le Garde des sceaux estime que ce dernier aurait dû plutôt l’inviter afin qu’il « l’éclaire sur les principes gouvernant les institutions judiciaires (cours et tribunaux), la procédure judiciaire en matière pénale ainsi que ses principes ». En gros, ‘’puisque vous ne le savez pas, vous aurait dû m’inviter à vous l’enseigner’’. Mais surtout, à la demande de Bernard Goumou, lui enjoignant de suspendre les procédures qu’il a ordonnées contre les DAF, les DG des EPA et des maires, Charles Wright dit bonnement niet.

Arrêter le bazar

Quand l’insubordination et la cacophonie au sein d’un gouvernement sont exposées de manière aussi flagrante sur la place publique, le président doit sévir. Il doit le faire pour reprendre la main et faire arrêter le bazar. Même si en réalité, il est ultimement le responsable de ce spectacle si peu honorable pour le pays et son image. Car de toute évidence, c’est lui qui n’a pas suffisamment défini les limites des prérogatives des uns et des autres, afin qu’on n’en arrive pas à un tel niveau de défiance entre un ministre et le chef du gouvernement. Mais le général a toujours le temps de se racheter et de donner l’impression qu’il n’y est pour rien. Mais pour cela, il doit agir et tout de suite. Et tant qu’on y est, le président de la Transition peut opérer ce remaniement gouvernement dont on a tant parlé et qui s’impose si urgemment.

Boubacar Sanso Barry

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