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Retrait des agréments des médias : « Je suis choqué et déçu, mais pas surpris »

A la surprise générale, le ministre de la Communication et de l’Information, Fana Soumah, a publié hier un arrêté en vertu duquel il a annoncé le retrait des agréments des radios et télévisions FIM, Espace FM, Sweet FM, Espace TV, Djoma TV, Djoma FM ainsi que l’ensemble des stations relais du groupe Djoma Médias de l’intérieur du pays. Le motif invoqué ? « Non-respect du contenu des cahiers des charges ». Une décision radicale qui est tombée comme un coup de massue sur la presse guinéenne. Au point que beaucoup en sont étonnés, d’autant qu’au moment où la décision a été rendue publique, les acteurs de la presse étaient réunis pour signer le document actant la mise en place de l’organe d’autorégulation des médias dont la création était censée déboucher sur la fin de la crise entre les autorités de la Transition et le monde de la presse. Pour autant, quelques-uns de ceux dont nos reporters ne sont pas surpris par une telle décision. Elle est en droite ligne de toutes les formes de restrictions que les médias ont subies depuis quelques semaines.

« Je suis très choqué et très déçu mais pas surpris », ainsi a réagi Sékou Keïta, rédacteur en chef du groupe Djoma médias. Et il s’en explique : « Quand on suit ce que Djoma médias subi depuis quelques mois ou même quelques années, notamment le gel des comptes depuis le 5 septembre 2021, nos ondes sont brouillées, nous ne sommes plus sur le bouquet canal. Au-delà de çà, il y a la restriction de l’internet ». Ayant appris la nouvelle via les réseaux sociaux, il n’en revenait toujours quand nos reporters l’ont abordé. « Je me demandais qu’est ce qui vient de se passer, parce qu’au même moment, les associations de presse étaient à la maison commune des journalistes pour signer le document qui acte la mise en place de l’organe de l’autorégulation qui, pour nous, représentait une voie pour la sortie de crise ».

Mais une fois qu’il a réalisé que la décision était réelle, il s’est posé une foultitude de questions : « Qu’est-ce qu’on cherche exactement et qu’est-ce qu’on a fait » ?   En l’absence d’intermédiaire susceptible de répondre à ces questions, le motif mis dans l’arrêté ministériel étant lui-même vague, Sékou Keïta se donne une réponse. « On va dire que c’est la suite logique de l’acharnement que nous sommes en train de subir et cela n’honore pas notre jeune démocratie », se dit-il. Mais, s’empresse-t-il de souligner : « Cette fois-ci, c’est une décision du gouvernement à travers le ministère de l’information et de la communication qui vient de franchir la ligne rouge parce que là, on ne parle plus de musèlement mais on veut éteindre ces médias-là, sans oublier le nombre d’employés dans ces médias, sans oublier le combat que ces médias ont mené pour l’instauration de la démocratie dans notre pays par le biais de la liberté de la presse, de l’opinion dans ce pays ». Un combat injustement récompensé à ses yeux. « Quand c’est fait par une équipe de transition qui est là pour rectifier, qui est là pour une refondation, ça nous inquiète », a conclu le rédacteur en chef de Djoma médias.

Le Directeur de l’information du Groupe est resté sans voix.  « Nous sommes surpris, abasourdi, stupéfait et dépassé par la nouvelle », confiait Aboubacar Condé. Lui était dans la salle de conférence où le document de création de l’organe d’autorégulation des médias devait être signé quand il a appris la nouvelle également via les réseaux sociaux. « J’ai pris mon téléphone pour appeler le ministre de la Communication et de l’Information. Je lui ai demandé si ce que j’ai vu sur les réseaux sociaux est effectif, il me la confirmé le retrait des licences des médias. Puis, il m’a dit de prendre courage ».

Aboubacar Condé lui non plus, ne sait pas ce qui est reproché à ces médias. D’autant que rappelle-t-il, tout récemment le premier ministre en personne disait que la balle est dans le camp des médias. « Mais avec cette allure on se demande si nous les journalistes ne sont guinéens. Alors que chacun fait son travail pour que le pays avance. Mais si on pense que nous autres ne sommes pas des vrais Guinéens, qu’on nous le dise pour qu’on sache où donner de la tête », peste le Directeur de l’information de Djoma.

Amadou Tham Camara, le président de l’Association guinéenne de la presse en ligne (AGUIPEL), lui, se dit qu’il se peut que le gouvernement ne savait pas que les médias étaient en train de signer le document de création de l’organe d’autorégulation. En conséquence, « nous avons bon espoir qu’avec la mise en place de cet organe, les autorités vont reconsidérer leur décision », espérait-il.

Mariama Ciré Diallo

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