C’est de notoriété publique, la situation économique de la Guinée n’est pas très rose en cette période de Transition. Mais en réalité, cette morosité ambiante est plutôt la caractéristique économique de ce pays depuis des lustres. Mais de quoi procède cette crise et cette précarité récurrentes dont on s’est toujours plaint ? L’opérateur économique Mohamed Kourouma a donné sa réponse. Coïncidence ou pas, son avis tend davantage à défendre les autorités de la Transition que dicté par une logique impartiale. C’était à la faveur d’un point de presse qu’il a eu ce lundi 22 juillet avec les correspondants de quelques médias à Kankan dont Ledjely.
De la mesure de suspension de l’exploitation artisanale de l’or en passant par la fermeture de certains médias privés par les actuels dirigeants, El Hadj Mohamed Kourouma n’a occulté aucun sujet. « Si quelqu’un dit qu’il n’y a pas de souffrance, la personne vous a menti. Mais il faut chercher à savoir la racine du problème. Nous souffrons parce que la façon dont la Guinée marchait auparavant et aujourd’hui, il y a une grande différence. Les billets de banque ne sont plus visibles, le franc guinéen se fait rare mais pourquoi cela. La fonction publique et le secteur privé sont les deux pourvoyeurs de l’emploi. Tant que nous n’avons pas un secteur privé fort qui vient en appui à la Fonction publique, la situation sera comme elle est aujourd’hui. La deuxième chose est bien sûr la guerre israélo-palestinienne. Il y a diminution du dollar à l’international mais pourquoi on ne le ressent pas chez nous ? Parce que la guerre entre Israël et la Palestine a occasionnée l’interdiction de l’accès à la Mer rouge. Secondo, Le gouvernement indien pour éviter la pénurie chez eux, a aussi interdit la vente d’une grande quantité du riz au reste du monde et vous savez que la rareté fait la valeur. Sinon, normalement, le sac du riz devrait être vendu à moins de 200.000 GNF, mais voici les raisons qui expliquent la hausse du prix. Il faut dire que le gouvernement guinéen a aussi abandonné des taxes au profit des populations mais les gens n’aiment pas trop communiqué », a-t-il indiqué tout au début de son intervention.
Le déficit énergétique auquel fait face la Guinée depuis la fin d’année dernière a aussi fait partie du menu de la sortie d’El Hadj Mohamed Traoré. « La Guinée est au milieu d’une situation difficile. On a contribué ici pour le barrage Garafiri sous le général Lansana Conté avec des promesses de desservir le pays et vendre le reste aux pays voisins. Mais après, le résultat est où ? Le président Alpha Condé a amené le projet Kaléta, mais ça n’a pas marché. Souapiti a connu le même sort. Sous Alpha Condé, il y avait du courant à Conakry, ça c’est la vérité. Mais interrogeons-nous sur la provenance de ce courant. Est-ce les barrages ? on amenait des moteurs qui coûtaient excessivement chers et c’est ce que les actuels dirigeants ne veulent pas. Ils pensent que c’est mieux de souffrir aujourd’hui pour être heureux demain. Chacun de nous devrait chercher à connaître le véritable problème lié à l’électrification de la Guinée pour qu’ensemble, nous trouvions les solutions pour mettre définitivement un terme à cette préoccupation nationale », a soutenu l’opérateur économique.
Quant à la suspension de l’exploitation artisanale de l’or et du diamant, il s’est tout simplement dans le sens du soutien de la décision des autorités. « L’exploitation artisanale de l’or n’est pas un métier. Combien de nos enfants ne vont plus à l’école ? Combien de couples sont dans les problèmes ? Mais c’est difficile de faire comprendre cela à quelqu’un qui pratique cette activité, alors que nous n’avons pas d’autres alternatives et qu’il n’y a pas d’emploi, pas de courant, etc ? Pour éviter les frustrations et ne voulant pas trop de problèmes, le gouvernement a juste décidé d’une interdiction temporaire pendant la période agricole pour diminuer le taux d’importation du riz. C’est cela qu’il faut dire aux Guinéens. C’est loin de la politique », a lancé El Hadj Mohamed Kourouma, en véritable porte-parole des autorités.
Enfin, à propos de la fermeture de certains médias, il estimé que ces derniers ont péché en laissant croire que tous les problèmes de la Guinée étaient imputables au CNRD. « Tout le monde sait en Guinée qu’on n’a pas de courant, que nous ne voyons plus le franc guinéen et que le Guinéen souffre. Ce sont des faits réels et vérifiables. Mais les dirigeants actuels sont-ils à la base de ces problèmes ? Nous tous connaissons la réponse car ceux qui nous dirigent maintenant savent que ce ne sont pas eux. Les médias fermés mettaient beaucoup de choses sur le gouvernement actuel alors qu’ils n’y sont pour rien. Nous sommes tous contre la fermeture de ces médias, mais le prises de parole de certains dans ces médias laissaient entrevoir que tous les problèmes de la Guinée sont nés sous le CNRD. Critiquons ce qu’ils ont fait et reconnaissons que tous les maux des Guinéens n’ont pas commencé sous ce régime, si cela est bien dit et que chacun dise les choses comme tel, rien n’empêche que les parties se comprennent », a déclaré le PDG de Hamana.
Michel Yaradouno, Kankan pour ledjely.com