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Mali : un revers dont il faut tirer les leçons

On sait bien que quand il s’agit désormais des trois pays en transition militaire dans le Sahel, il n’est pas toujours évident de séparer les bonnes des mauvaises informations. Toutes les parties se livrant à de la manipulation. Mais il est plutôt établi que dans l’affrontement de Tinzaouatène de ce week-end, ce sont les troupes maliennes, appuyées par les mercenaires russes de l’ex-Wagner, qui ont été défaites.  On évoque plusieurs victimes aussi bien dans les rangs des FAMA que dans ceux de leurs alliés russes. Un revers qui montre la complexité de cette crise sécuritaire. En effet, ces derniers mois, les dirigeants maliens semblaient avoir plutôt réussi à faire régner leur autorité unique sur l’ensemble du territoire. Mais cette défaite vient rappeler que dans cette guerre, il faut plutôt s’inscrire sur le long terme et peut-être utiliser d’autres recettes que la seule approche militaire. D’autant qu’il ne s’agit manifestement pas que du terrorisme classique. Le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) n’étant pas nécessairement mu que par la vulgarisation d’un courant radical de l’Islam ou par d’autres visées bassement mercantiles. Mais aussi par une revendication identitaire authentique. Cette nuance, il va falloir l’intégrer avec humilité. 

Amalgame et déni

L’amalgame et le déni, c’est peut-être les plus gros péchés qu’on a jusqu’ici commis dans cette crise sécuritaire au Mali. D’une part, les autorités maliennes ont très souvent eu tendance à assimiler tous les combattants du nord du pays à des terroristes, parce que ne voulant pas toujours admettre la réalité de la crise touarègue. De l’autre, les troupes occidentales notamment celles françaises, avaient certainement assimilé des terroristes islamistes à des combattants indépendantistes touarègues. Il est vrai que dans le no man’s land qu’est cette vaste étendue désertique et inhospitalière du nord-Mali, entre les deux, il n’est pas aisé de faire la nuance. D’autant qu’on a des combattants qui, brouillant les pistes, évoluent à la fois comme terroristes et combattant de la cause touarègue. Cependant, pour ceux qui militent pour le bien du Mali à long terme, il est important de faire la différence. Il y va de la réconciliation nationale, seul gage d’une paix et d’une stabilités durables.

Tel un roseau

C’est en quelque sorte l’enseignement qu’on peut tirer de la défaite infligée aux troupes maliennes, dans la bataille de Tinzaouatène. Des combattants étrangers et guidés par des intérêts sordides, on peut envisager en venir à bout avec une puissance militaire supérieure. On peut les contraindre à franchir la frontière pour rejoindre d’autres territoires ou retourner dans leurs pays d’origine. Mais avec ses propres compatriotes, on ne peut que gagner une bataille, mais jamais la guerre. Tel est roseau, des groupes armés défendant une cause identitaire, finissent toujours par se relever d’une chute. Il est possible qu’ils ne réussissent jamais à faire triompher leur cause, mais on peut toujours compter sur eux pour entretenir en permanence un climat délétère et une image d’instabilité du pays.

Impérialisme extérieur vs Impérialisme intérieur

Avec ce type d’adversaires, la stratégie du dialogue et la prise en compte des authentiques causes de la crise sont de loin plus efficace pour obtenir la paix et épargner des vies humaines. Dans le cas du Mali, il y a longtemps que les gens l’ont dit. La question touarègue doit être traitée avec le bon remède et non avec la fuite en avant, l’amalgame ou le déni de la réalité. La crise existe et il faut l’accepter. Autrement, le revers de Tinzaouatène ne sera certainement pas le dernier. Et c’est même étonnant que les autorités maliennes, particulièrement sensibles à la notion d’indépendance, ne comprennent pas la bataille de l’Azawad. Il se trouve qu’autant les Maliens ont soutenu Assimi Goïta et ses camarades au nom de la lutte contre l’impérialisme occidental, autant le peuple touarègue est sensible au discours qui lui servi par ceux qui disent se battre en son nom.

Boubacar Sanso Barry

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