Avec la suspension dont il a écopé hier de la part du ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, il est bien possible que le préfet de Kankan, Kandia Mara, n’en soit qu’au début de ses ennuis. Parce qu’avec sa curieuse sortie sur la mort suspecte – en prison – de Dr. Mohamed Dioubaté, il semble avoir ouvert la boite de pandore. En tout cas, L’Ordre des médecins de Guinée demande désormais une enquête approfondie sur les circonstances du décès du médecin psychiatre, arrêté pour avoir brûlé une effigie du président de la transition, le général Mamady Doumbouya. Ce geste, interprété comme une offense à l’autorité, l’avait conduit en prison, malgré son état mental fragile. La sortie du préfet insinuant que son décès n’était pas naturel a depuis ravivé l’indignation et décuplé les suspicions.
Le président de l’Ordre des médecins de Guinée a exprimé la profonde affliction de la communauté médicale face à cette tragédie. Il a souligné que le docteur Dioubaté souffrait de troubles psychiatriques, ce qui, selon lui, pouvait expliquer l’acte qu’il avait commis. « Lorsqu’on ne dispose pas de ses capacités mentales, il peut arriver qu’on fasse des actes dont on n’est pas responsable », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de reconnaître cette réalité dans le traitement des cas judiciaires impliquant des personnes en détresse mentale.
Le président de l’Ordre a également insisté sur le fait que le médecin aurait dû recevoir des soins appropriés pendant son incarcération. « S’il se retrouve en prison parce qu’il a commis une infraction, il avait le droit de bénéficier des soins de santé », a-t-il rappelé, déplorant le fait que ce droit fondamental n’ait pas été respecté.
L’indignation des professionnels de la santé est d’autant plus grande que les circonstances entourant la mort du Dr. Dioubaté restent floues. Selon le président de l’Ordre, les causes de ce décès ne sont toujours pas clairement établies. « Nous n’avons pas suffisamment d’informations sur les causes et les circonstances de son décès », a-t-il expliqué, exigeant une enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire.
La mort de Dr. Dioubaté, en plus de susciter des questions sur les conditions de détention et le traitement des détenus malades, soulève un débat plus large sur le respect des droits des patients souffrant de troubles mentaux en Guinée. Pour le corps médical, le silence sur les circonstances de ce drame est intolérable et il demande une enquête.
Thierno Amadou Diallo