Trois ans après sa suspension et le coup d’État militaire qui a renversé Alpha Condé, la Guinée marque son retour au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pourtant, la décision de la levée de suspension prise mardi 24 septembre 2024 en assemblée extraordinaire présidée par la secrétaire générale, la rwandaise Louise Mushikiwabo, ne fait pas l’unanimité chez les acteurs politiques en Guinée. C’est le cas notamment du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée.
Pour Cellou Dalein Diallo, cette décision de l’Organisation internationale de la francophonie est inopportune en ce sens qu’elle intervient à un moment où le pays fait face à plusieurs violations des droits humains. Des assassinats, des enlèvements. Des opposants arrêtés d’autres contraints à l’exil.
« Le moment est mal choisi. C’était vraiment inopportun. C’est au moment où il y a la disparition forcée de Foniké Mange et Billo Bah, deux activistes de la société civile, arrêtés par la gendarmerie et les forces spéciales, et qui sont aujourd’hui portés disparus. C’est au moment où on présente au peuple de Guinée le corps du colonel Célestin, un militaire qui a été arrêté depuis un an, et qu’on disait aussi ne pas savoir où il était. C’est au moment où les médias sont fermés, les libertés publiques sont malmenées, les droits humains sont violés de manière flagrante », fustige l’opposant. « Il y a plus de 58 jeunes qui ont été abattus parce qu’ils tentaient de manifester parfois contre le délestage, parfois contre le coût de la vie », a martelé l’ancien Premier ministre à TV5 monde.
Or, réitère Cellou Dalein Diallo, « la déclaration de Bamako, qui engage les états membres de l’OIF à respecter un certain nombre de valeurs et de principes, ne permettait pas ce retour en ce moment-là, où, les droits humains sont violés de manière récurrente et flagrante », regrette-t-il.
A signaler que dans sa décision, l’Organisation internationale de la Francophonie a pris tout de même le soin d’enjoindre la Guinée à « poursuivre ses efforts sur le volet des droits et des libertés ».
Dans la foulée de la levée de cette suspension, le pays a pris part au XIXe Sommet de la Francophonie qui s’est tenu les 4 et 5 octobre 2024 à Villers-Cotterêts et Paris.
N’Famoussa Siby