Le président de la transition, général Mamadi Doumbouya, a ordonné à tous ses ministres en mission à l’étranger d’arrêter et de rentrer immédiatement au pays. Cette décision intervenue jeudi 10 octobre 2024, répercutée par le Premier ministre Amadou Oury Bah est diversement appréciée par les acteurs sociopolitiques du pays.
« Jusqu’au 31 décembre 2024, aucune sortie du territoire national ne sera admise, sauf accord exceptionnel du chef de l’État », c’est en gros la décision prise par Mamadi Doumbouya.
Pour Dr Ben Youssouf Keita, cette décision du président de la Transition pourrait découler d’une observation sur peu de retombées positives comparativement aux bénéfices escomptés des voyages ministériels sur l’économie nationale. « Cela peut être une des raisons vu le coût financier d’un voyage de délégation ministérielle », soutient l’acteur politique, puis d’ajouter : « Il faut rationnellement gérer les ressources de l’Etat, dans le cadre de la bonne gouvernance. C’est normal. C’est une décision raisonnable et sage ».
Du côté de la Maison des ONG et associations de Guinée, la suspension des déplacements à l’étranger des membres du gouvernement pourrait être perçue de manière variée. D’un côté, elle témoigne d’une volonté de « recentrer l’action gouvernementale sur les besoins internes et de renforcer la transparence », indique le coordinateur. D’un autre, elle pourrait être interprétée comme un « signe d’instabilité, surtout si cela conduit à une paralysie des initiatives à l’étranger », a exprimé Mamadou Saliou Barry. Pour lui, il serait important d’analyser « les raisons derrière cette directive et son impact sur les relations internationales de la Guinée », dit-il.
Dorénavant, pour des fins de représentation, les Secrétaires généraux et/ou les Ambassadeurs auront la charge de le faire. Les ministres sont écartés des missions à l’étranger. Une telle décision, estime le coordinateur national de la MAOG, pourrait aussi « engendrer des difficultés si elle perturbe le fonctionnement normal des relations gouvernementales et des projets en cours à l’étranger ». Bien que les ambassadeurs et secrétaires généraux aient un rôle important à jouer dans la diplomatie et la représentation de l’État, mais « leur expérience et leur expertise peuvent différer de celles des ministres », fait-il remarquer.
Le président de l’Alliance pour le changement et le progrès (ACP), quant à lui, n’y trouve aucune objection à ce que les ambassadeurs remplacent les ministres sur des missions à l’étranger. « Ils sont les fondés de pouvoir du Président de la République dans les pays accrédités. Ils peuvent valablement avec l’appui des secrétaires généraux qui sont le cerveau et technicien des ministères, accomplir des tâches dévolues au ministre à l’étranger quand la présence de celui-ci n’est pas une exigence », explique l’acteur politique.
N’Famoussa Siby