Les bouillons industriels, largement utilisés dans nos habitudes culinaires, sont aujourd’hui au cœur d’un débat de santé publique. Bien qu’ils apportent une saveur inégalée à nos plats, leur consommation régulière, voire excessive, soulève de sérieuses préoccupations en raison des risques qu’ils présentent pour la santé, notamment l’hypertension et les maladies cardiovasculaires.
Témoignages de consommateurs et analyse de médecin
Le bouillon industriel est omniprésent dans les cuisines guinéennes. Prisé pour sa capacité à rehausser instantanément le goût des plats, il est devenu indispensable dans de nombreux foyers. Pourtant, cette habitude pourrait bien être plus néfaste qu’elle n’y paraît. Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer les effets néfastes d’une consommation abusive de ces produits. Aissatou Diallo, une ménagère de Kountia CBA, raconte comment elle a fait le choix de bannir ces cubes de sa cuisine. « Cela fait deux ans que j’ai cessé de consommer le bouillon industriel. Mon mari souffrait d’hypertension artérielle, et la maladie commençait à le fatiguer. Lors de notre visite à l’hôpital, j’ai entendu le médecin dire que le bouillon crevette est l’une des causes de plusieurs maladies. À notre retour, j’ai pris la décision de l’éviter, pour toute la famille », explique Aissatou Diallo.
Cette prise de conscience n’est pas un cas isolé. Les bouillons industriels, tels que ceux commercialisés sous forme de cubes ou de poudres, sont souvent pointés du doigt pour leur teneur excessive en sel et en additifs chimiques. Leur impact sur la santé, en particulier sur la tension artérielle, est un sujet de préoccupation croissant. Mais éliminer ces produits du quotidien ne se fait pas du jour au lendemain, comme en témoigne Aissatou. « Au début, ce n’était pas facile. Quand je préparais sans bouillon, mes enfants trouvaient que la sauce n’était pas savoureuse, et ils avaient du mal à manger. Mais peu à peu, j’ai changé ma manière de cuisiner en utilisant différents types de poissons comme le « Bonga », le « Sinapa », et d’autres. Aujourd’hui, nous avons complètement abandonné le bouillon, et nous tombons rarement malades », se réjouit-elle.
Cette transition vers une alimentation plus naturelle a pris du temps, mais les avantages sont indéniables. Pour Aissatou, il est possible pour chacun de réduire progressivement l’usage des bouillons. « Si vous ne pouvez pas vous arrêter directement, faites-le petit à petit. Ce sont surtout les femmes qui doivent se mobiliser pour bien équilibrer les aliments dans leurs plats », dit-elle.
Ousmane Keïta, président de l’Union des consommateurs de Guinée, souligne l’importance de ce débat. « Pour nous, c’est une véritable question de santé publique. Il est essentiel de comprendre que toute consommation abusive nuit à la santé. Le bouillon en lui-même n’est pas forcément dangereux, mais il contient beaucoup de sel. Et bien sûr, une consommation excessive de sel entraîne des complications, comme l’hypertension », souligne cet acteur. De même, il en appelle aux autorités pour une meilleure régulation de ces produits « Nous lançons un appel aux autorités pour encadrer plus strictement la commercialisation de ces bouillons. Sans un contrôle adéquat, les consommateurs risquent de graves problèmes de santé, notamment des accidents vasculaires », lance-t-il.
L’infirmier Mamadou Hady Diallo alerte également sur les risques de ces bouillons industriels, allant au-delà de la simple question du sel. « Ces produits contiennent souvent des graisses saturées et des acides gras trans, qui augmentent le risque de maladies cardiaques. De plus, certains bouillons renferment des arômes artificiels et des additifs chimiques qui, à long terme, affectent la santé des reins et du foie », rappelle l’infirmier.
Pour Diallo, la solution est simple. Il s’agit de modérer la consommation de ces bouillons et privilégier des alternatives plus naturelles. « Il est préférable de se tourner vers des bouillons faits maison, avec des ingrédients naturels, moins salés et sans additifs », invite ce médecin.
Thierno Amadou Diallo