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Société : le mariage, un obstacle à la formation des femmes en Guinée ?

Concilier vie de famille et études n’est pas du tout facile et relève parfois d’un parcours de combattante. Elles sont nombreuses ces femmes qui éprouvent d’énormes difficultés à concilier les deux. Parfois certaines, à travers des pressions sociales, sont obligées d’abandonner les études pour s’occuper pleinement de leurs foyers. D’autres par contre, bénéficient d’un soutien moral et financier de leur époux. Nous nous sommes plongés dans cet univers pour tenter de comprendre comment les femmes en situation d’école traversent ces moments cruciaux dans leur vie académique et matrimoniale.

Dans le cadre de ce reportage, nos intervenants ont préféré garder l’anonymat, préférant ainsi la discrétion. Aminata et Oumar (noms choisis pour le couple), sont ensemble et cumulent plusieurs années de vie commune. Il a épousé sa femme alors que celle-ci était encore sur les bancs. Malgré les pressions exercées sur lui, ça et là, cet homme va soutenir sa femme dans le cadre de ses études tout en conciliant les deux (vie de couple et études). Interrogé sur ses motivations, notre interlocuteur explique.  « J’ai opté pour soutenir ma femme à poursuivre ses études parce qu’il y a beaucoup d’avantages », lance-te-il, avant de poursuivre.  « Premièrement, si Dieu nous accorde des enfants, elle va m’aider dans l’éducation de nos enfants. Deuxièmement, quand elle finit les études et commence à travailler elle pourra aider avec les charges familiales dans le but d’avoir un foyer financièrement stable. Enfin, elle pourra avoir un avenir meilleur », souligne Oumar.

A l’opposé de Oumar, certains époux s’opposent catégoriquement à l’idée que leur épouse poursuive les études une fois dans le foyer. Notre interlocuteur dit comprendre ces hommes, mais selon lui, les conséquences de cet état de fait sont plus importantes. Il explique. « Je peux dire à ceux-là que c’est une mauvaise idée, parce que si par exemple, aujourd’hui toi l’homme tu as des moyens de prendre en charge ta famille, si ta femme reste à la maison sans continuer ses études et qu’un jour tu arrives à perdre tes moyens ou si la mort arrive, comment ta femme va-t-elle s’en sortir avec l’éducation de tes enfants ses charges familiales ? », s’interroge-t-il.

Rouguiatou (nom choisi pour cette autre intervenante), elle, à l’opposé d’Aminata n’a pas pu poursuivre ses études après son mariage. Même si elle en avait l’envie, le courage et la détermination de poursuivre l’école. Lorsqu’elle a commencé à avoir des enfants, son époux a dit niet, plus d’école. « J’ai toujours voulu continuer mes études après mon mariage mais cela n’a pas marché comme j’aurais aimé car lors des premières années de mon mariage j’avais commencé à faire santé à UNC (Université Nongo Conakry) mais quand j’ai commencé à avoir des enfants mon mari m’a interdit de continuer mes études en refusant de payer ma scolarité et je sais qu’il a les moyens de me soutenir dans mes études mais il m’a dit carrément que si je veux continuer mes études ça ne sera pas avec son argent », soutient-elle.

Pourtant, tout au début, lorsque son mari était à fond dans les démarches pour l’épouser, la condition pour qu’elle puisse continuer les études après le mariage a été posée et acceptée par ce dernier. Mais hélas ! Plus question d’en parler. « Je me suis plainte à mes parents pour qu’ils puissent lui faire entendre raison comme il avait promis de me laisser continuer mes études après le mariage,  de le pousser à tenir ses engagements. Mais ça n’a pas abouti car vous savez avec les familles peules si ton mari te refuse quelque chose, toi la femme tu es obligée de lui obéir », affirme-t-elle.

Dans la majorité des cas, les hommes qui s’inscrivent dans cette dynamique s’appuient sur la religion, particulièrement musulmane. Pour assouvir notre curiosité, nous avons demandé l’avis de l’imam Alassane Sidibé, chroniqueur islamique à Djely TV. Pour lui, « si vous avez promis qu’elle va étudier, elle n’a qu’à étudier.  Si ce n’a pas été promis et que la femme veut étudier, pour le bien de la femme, tu connais la moralité de la femme, tu connais son comportement, donc si tu as confiance en elle, tu la laisses étudier. L’islam n’est pas contre l’étude de la femme », indique-t-il. Puis d’ajouter : « L’islam n’est pas contre le travail de la femme. Mais c’est la manière.  Si la femme n’a plus de temps pour l’homme, la femme n’a plus de temps dans le foyer, c’est ça qui fait que ça devient illicite. Si la femme va étudier, elle vient vite, elle s’occupe de son homme, elle fait les travaux ménagers, elle fait toutes les tâches qui lui ont été confiées, et puis elle étudie. Donc l’étude n’est pas mauvaise, le travail n’est pas mauvais.  Mais si l’étude empêche la femme de s’occuper de son homme, de travailler à la maison, de faire des ménages, là, ça devient interdit ».

A rappeler que nombreux efforts sont faits dans le cadre de la sensibilisation pour l’abandon de la déscolarisation de la jeune fille/femme par le gouvernement et ses partenaires évoluant dans le cadre de la promotion de la couche féminine, mais le phénomène persiste encore.

Mariama Telly Bah et N’Famoussa Siby

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