Vendredi 1er novembre, la Guinée a célébré la fête de son armée, une occasion de rendre hommage aux hommes et femmes qui servent le pays avec honneur et dévouement. Une armée qui, depuis sa création en 1958, peu après l’accession du pays à l’indépendance, a accompli des prouesses historiques dont bien de personnes sont unanimes mais qui, aussi, est associée à des périodes sombres que le pays a connues.
Au fil des années, l’armée guinéenne s’est illustrée par ses nombreux exploits, tant au niveau national en assurant la souveraineté du pays, mais aussi au niveau international. Particulièrement en participant à la restauration de la paix et la quiétude au Libéria et à la Sierra Léone. Des actions qui donnent des sentiments de fierté à Alpha Mamadou Barry, citoyen. « Si aujourd’hui, nous n’avons subi des conflits meurtriers tels que ceux qu’ont vécu La Sierra Léone et le Libéria, c’est parce que l’armée fait son travail comme il se doit, surtout tout au long des frontières. Nous vivons en sécurité et cela, nous le devons à ces hommes et femmes qui s’assurent qu’on ne nous attaque pas de l’extérieur et qui font tout ce qui est dans leur pouvoir pour que nous, peuple de Guinée, vivions dans la paix », dit-il.
Par ailleurs, notre interlocuteur se remémore encore du rôle qu’a joué l’armée guinéenne dans les luttes de libération de beaucoup de pays africains. « Je crois qu’on a tendance à oublier aujourd’hui le rôle panafricaniste qu’elle a joué dans les années antérieures pour aider des pays à se défaire du joug colonial. Et ça, alors qu’elle venait à peine d’être créée. C’est vrai que tout ne peut être rose mais sur la balance, je crois que ce qu’elle a apporté de positif pèserait », affirme-t-il.
Si l’armée guinéenne a bâti une réputation sur ces aspects, elle n’est pas pour autant exempte de reproches. Elle s’est illustrée notamment dans des violentes répressions des manifestations lors de la grève de janvier 2007 avec à la clé plus de 120 civils tués, mais aussi lors des évènements du 28 septembre 2009, où plus de 150 guinéens ont perdu la vie et plusieurs cas de viols. Depuis l’accession du 5 septembre 2021, plus de 40 guinéens ont été tués dans les manifestations politiques, selon un décompte d’Amnesty International.
C’est pourquoi, Mamadou Ciré Diallo estime un « échec », la mission de l’armée guinéenne vis-à-vis de sa population. « L’armée n’a pas réussi à protéger les guinéens. Au contraire, elle a pris part à des tueries, à des violences et des viols qui ont eu lieu dans le pays », soutient-il. Puis d’ajouter : « L’armée est aussi appelée à ne pas prendre part aux coups d’Etat mais on voit qu’ici, faire des coups d’Etat est devenue sa spécialité. Il faut dire que l’armée a réussi à repousser les agressions extérieures. Cependant, elle-même s’est transformée en monstre pour sa propre population, d’où le climat de méfiance qui existe entre les deux ».
Depuis plus de trois années, la Guinée est dirigée par son armée à la suite d’un coup d’Etat qui a renversé Alpha Condé, élu. Les dirigeants actuels avaient promis, à leur arrivée, un retour à l’ordre constitutionnel en décembre 2024. Toutefois, cette promesse semble difficile à tenir d’autant plus que la date approche à grands pas.
Mamadou Diouma Bah