Ce mardi 3 décembre, l’humanité célèbre la Journée internationale des personnes à mobilité réduite. À l’occasion, des séances de sensibilisation aux problèmes que rencontrent les personnes en situation de handicap physique, psychique, mental et sensoriel sont organisées. En Guinée, la question du handicap reste encore difficile à aborder. Pourtant, aux abords des mosquées, des hôpitaux, au niveau de plusieurs carrefours de la capitale, la présence des personnes handicapées est remarquée. Au Carrefour Centre Émetteur, notre équipe a rencontré Mamadou Oury Sow dans son fauteuil roulant. Très réticent envers la presse, après moult tentatives, il accepte de nous livrer son quotidien et les défis auxquels il se heurte.
Il était 12 heures lorsque nous sommes arrivés au carrefour Centre émetteur de Kipé. De loin, nous apercevons Mamadou sur son fauteuil roulant avec un petit carton à la main, lui servant d’ombre pour se protéger contre le soleil. Pour se nourrir, il tend la main aux passants, qui lui glissent parfois un billet. Son histoire, comme celle de nombreux autres, est un mélange de douleur, de résilience et d’espoir.
« C’est ici que je passe mes journées à chercher de quoi vivre et à alimenter la lueur d’espoir d’un meilleur lendemain qui m’amine », a-t-il réagi.
Atteint d’un handicap depuis son enfance, il a fait de la rue son unique demeure. Chaque jour est un parcours de combattant. Le froid mordant de l’hiver, la chaleur écrasante de l’été, rien ne semble pouvoir compromettre sa résilience pourtant. « Ça fait des années que je vis dans la rue. C’est dur, très dur », insiste-t-il avant de poursuivre. « La nuit, le froid me ronge, la pluie me trempe. Les gens me regardent souvent avec pitié, parfois avec mépris. Mais je suis avant tout un homme, avec des rêves et des espoirs. J’aimerais simplement avoir un toit au-dessus de la tête et un peu de chaleur humaine », réagit-il.
Comme Mamadou Oury Sow, beaucoup d’autres handicapés traversent la même situation. Outre les conditions de vie précaires, ils font également face à la stigmatisation, à la discrimination et à l’indifférence. « Les gens pensent généralement que nous avons choisi cette vie », se désole-t-il : « Ils ne réalisent pas que nous sommes généralement victimes des circonstances. Une maladie, un accident, la pauvreté, il y a tellement de facteurs. Donc, les raisons qui nous poussent à vivre dans la rue sont multiples et complexes ».
Les personnes handicapées méritent de s’épanouir. Cette journée internationale devrait être mise à profit pour éliminer les obstacles et apporter des solutions inclusives à leur besoin. Parmi lesquels, un accès aux soins, à un logement adapté, à des équipements médicaux et à un accompagnement social. « Je souffre de nombreuses pathologies liées à mon handicap. J’ai besoin de médicaments que je n’ai pas encore les moyens d’acheter. Parfois, je dois passer des nuits entières à souffrir. C’est vrai qu’il existe des ONG qui s’occupent de sujets en rapport avec notre personnalité, mais si tel est le cas, je dirai que c’est par favoritisme parce que dehors, ceux qui y sillonnent sont plus nombreux que ceux qui sont pris en charge par des associations ou des centres spécialisés », soutient-il.
Malgré les épreuves, Mamadou réussit à conserver sa joie de vivre. Le visage souriant, il nous explique son passe-temps favori. « J’aime écouter les chansons à la radio. M’imaginer qu’un jour tout changera, c’est-à-dire que j’aurai un toit sous lequel me reposer enfin », a-t-il conclu.
Le troisième recensement général de la population et de l’habitation en 2014 a dénombré 155 885 personnes handicapées sur une population résidente des ménages ordinaires de 10 503 132 habitants en Guinée. Cette population des personnes handicapées représente environ 1,5 % de l’effectif total de la population guinéenne. Elle est inégalement répartie entre les deux sexes (53 % des hommes et 47 % des femmes) en dépit de la prédominance de la population féminine au niveau de la population générale du pays. Des chiffres qui ont certainement évolué.
JRI de l’Ombre