Suite à l’ordonnance de dessaisissement du juge Yagouba Conté dans la procédure concernant leur client, l’ex-premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana, ses avocats ont réagi ce mardi 24 décembre 2024. Face à la presse, les avocats Me Dinah Sampil et Me Mohamed Bérété se sont dits étonnés de cette décision prise le lundi 23 décembre par le président de la CRIEF, Francis Kova Zoumanigui.
L’espoir qu’a suscité l’arrêt du juge Yagouba Condé pour le transfèrement de l’ancien Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana, poursuivi pour notamment détournement de deniers publics, enrichissement illicite, s’amenuise. Désormais, son dossier ne sera plus traité par ce dernier. Récusé au profit du juge Lansana Soumah, assesseur à la chambre de jugement de la CRIEF. Les avocats de la défense trouvent incompréhensible cette décision.
« Le droit de récusation existe pour toutes les parties à un procès, y compris le procureur spécial, c’est son droit. Mais comme tout droit, il doit être exercé dans les règles prévues à cet effet, car même lorsque c’est un droit, l’exercice peut conduire à des abus…Autoriser Kassory à se soigner ne change rien au contenu du dossier. Cela n’empêche pas de le condamner si les preuves sont là, tout comme cela ne l’empêche pas d’être relaxé si les preuves font défaut. Mais en attendant l’examen de ces éléments, pourquoi lui refuserait-on le droit de se soigner, étant donné qu’il est malade ?», a déclaré Me Dinah Sampil.
Pour Me Dinah Sampil, ni plus ni moins, c’est le procureur Aly Touré qui est à la base du dessaisissement du juge Conté. Selon lui, Aly Touré serait en « déphasage avec les lois applicables » et ne serait pas intéressé par la recherche des infractions, mais par la vie de Dr Kassory Fofana.
« Pourquoi le procureur spécial est-il l’éternel capitaine de ce bateau ? Il y a les droits civils et les droits civiques. Les droits civiques sont suspendus lorsque leur auteur a écopé d’une certaine condamnation. On se sert de la justice pour nuire à quelqu’un, c’est tout. Même quand les causes ne sont pas vérifiables, on amène un juge à prononcer une condamnation pour éliminer la victime. C’est un jeu politique pour lequel on recourt à la magistrature… C’est de l’acharnement. C’est même une exécution ordonnée, programmée. Tous ceux qui sont costauds en Guinée, qui peuvent empêcher les candidats militaires ici, seront étouffés », a regretté Me Dinah Sampil.
Balla Yombouno