La pénurie d’essence, qui sévit en Guinée depuis une dizaine de jours, continue de perturber le quotidien des citoyens. Si les autorités évoquent des raisons techniques pour justifier cette pénurie, les rumeurs et les suspicions se multiplient au sein de la population. Certains accusent une mauvaise gestion de la part de l’État, tandis que d’autres y voient une manœuvre délibérée pour restreindre la mobilité des citoyens à la veille du Nouvel An.
Ce lundi matin, les rues de la capitale présentaient une tranquillité inhabituelle, avec des stations-service soit fermées, soit à court de carburant. Beaucoup de Conakrykas, forcés de se déplacer à pied, manifestent leur insatisfaction face à cette condition.
« Ça pousse vraiment à la révolte. On ne peut plus se déplacer librement, c’est comme si on était sous couvre-feu. Je me demande vers où partons-nous », s’indigne Ibrahima Soumah, rencontré dans un transport en commun.
« c’est vraiment fait à dessein. Je vous assure qu’ils veulent nous empêcher de fêter le réveillon. Imaginez depuis combien de jours nous vivons cette galère. Si un lundi matin comme ça tu es en retard au boulot, aucune excuse ne le justifiera pour ton patron. Il dira toujours que tu n’es pas sorti tôt parce que, lui, il est véhiculé, il ne sait pas ce que ça fait. Pourtant, moi, je suis là depuis 7 h et ce n’est qu’à 8 h là que j’ai eu un tricycle qui ne va même pas aussi m’envoyer jusqu’à destination », renchérit Aminata Camara.
Contrairement aux deux précédents, Ousmane Bangoura pense que ces problèmes de transport sont davantage dus à des questions économiques et contractuelles entre les intervenants concernés, plutôt qu’à une volonté intentionnelle de compromettre les festivités.
« Ça ne date pas d’aujourd’hui, je le reconnais. Tout le monde pense que c’est fait exprès pour empêcher les gens de fêter. Je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas fait exprès parce que c’est entre un État et un opérateur économique. Donc, il ne peut pas se permettre sa rotation, son business, avec un pays qui lui donne de l’argent. Tu sais, les gens qui disent que c’est fait à dessein estiment que l’essence est là, mais ils ont bloqué l’essence. Non, ce n’est pas vrai. Il n’y a pas d’essence », dit-il avec assurance.
Face à ces accusations, les autorités n’ont pas encore apporté de réponses claires et précises. Par ailleurs, dans un communiqué publié ce lundi 30 décembre 2024, la Société nationale des pétroles de Guinée (SONAP) justifie cette pénurie en évoquant des raisons d’intempéries qui auraient retardé la venue du bateau ravitailleur en Guinée.
Cependant, des analystes qui ont lu ce communiqué jugent qu’il n’apporte pas de solution ni d’apaisement aux tensions et aux interrogations de l’opinion publique.
JRI de l’ombre