On en sait un peu plus sur ce qui a pu empêcher la tenue du référendum constitutionnel en décembre 2024 comme cela avait été promis par le président de la transition le général Mamadi Doumbouya. Si, dans son discours de nouvel an 2025, le général Doumbouya n’a pas donné les raisons de l’échec de l’organisation du référendum, le Premier ministre Amadou Oury Bah a tenté, ce lundi 27 janvier 2025, dans l’émission « on fait le point », diffusée sur la télévision nationale, de justifier l’échec de l’organisation du référendum constitutionnel.
La raison fondamentale selon le Premier ministre Amadou Oury Bah est que des retards ont été enregistrés au démarrage du processus, notamment de la mise en place du PN-Ravec. « Le départ a été pris avec beaucoup de lenteur. Les mesures pour vraiment mettre les choses en place, c’est-à-dire les structures et les moyens, n’ont pas été faites avec diligence. Pour vous donner un exemple, ce n’est qu’avec mon arrivée comme premier ministre chef du gouvernement, qu’un mois et demi plus tard, la coordination du PN-RAVEC a été désignée », a expliqué le chef du gouvernement.
Poursuivant, le chef du gouvernement rassure que cette étape est déjà franchie et que les moyens seront mis à disposition pour l’aboutissement du processus dans un bref délai, pour permettre l’organisation du référendum conformément à la volonté exprimée du général Doumbouya dans son discours de nouvel an. « À l’heure actuelle, nous sommes en train de cavaler avec beaucoup plus de vigueur pour rattraper ça », soutient-il.
Des acteurs politiques guinéens membres de forces vives trouvent en cette démarche du gouvernement une volonté de rallonger de plus la durée de la transition déjà dépassée. C’est pourquoi ils ont proposé au gouvernement la révision de l’ancien fichier électoral afin d’aller rapidement au retour à l’ordre constitutionnel. Inconcevable ! pour le Premier ministre Amadou Oury Bah qui n’a pas hésité à traiter ses anciens amis de l’opposition d’irresponsables.
« Ceux qui ont utilisé l’ancien fichier pour aller vite, pour aller à la catastrophe, l’ancien fichier qui a déjà conduit à 200 morts, les protagonistes de cette tragédie se retrouvent aujourd’hui ensemble pour utiliser ce qui a amené à ce que 200 enfants de ce pays périssent. Est-ce responsable ? Le nouveau fichier rentre en ligne de compte parce que nous ne voulons pas recréer les mêmes faits qui ont amené à ce que le pays, quelques années après, se retrouve dans une dynamique de crise institutionnelle qui a amené à une transition. Il faut que les gens soient responsables. Et la responsabilité, dès le début, au lendemain du 5 septembre 2021, c’est à ce niveau-là que certains responsables politiques, nous avons divergé », a soutenu le chef du gouvernement.
Dénonçant cette volonté des acteurs politiques, Amadou Oury Bah indique que tout au début de la transition certains avaient souhaité que la transition s’achève en six mois. « Certains voulaient, coûte que coûte, en six mois, vous avez fait ce que vous aviez à faire. Certains de vos soldats ont péri. Vous êtes là pour très rapidement dégager le plancher. Et nous, nous allons venir puisque nous sommes des super Guinéens en capacité de gouverner. Sans une analyse profonde, détachée des éléments qui ont été à la base des crises répétitives que la Guinée a connues. C’est une irresponsabilité », a fait savoir le Premier ministre.
Par ailleurs, le chef du gouvernement ne s’est pas empêché de dénoncer certains appels des acteurs politiques membres des forces vives de Guinée. Face à ce qu’il qualifie comme une « irresponsabilité » de ces derniers, Bah Oury menace. « Ce sont les mêmes qui, aujourd’hui, appellent à une interruption par des forces de défense et de sécurité, des appels pour qu’il y ait une crise institutionnelle majeure dans ce pays. Est-ce que c’est responsable pour des hommes et des femmes qui ont été, à un moment donné, en charge de parler et d’agir au nom du peuple de Guinée ? Lorsque vous n’assumez pas votre responsabilité avec sagesse, avec une prise en compte de l’intérêt national, vous allez subir la rigueur de la loi. Et c’est la raison pour laquelle, attendez quelqu’un qui appelle publiquement à un coup d’état », a affirmé Amadou Oury Bah. Tout en annonçant que la justice n’hésitera pas à agir contre ceux qui appellent à une insurrection dans le pays.
« Le ministre de la Justice, par rapport à des déclarations qui remettent en cause la sécurité nationale, agira. Le ministre des Affaires étrangères, ainsi que le conseil, devra mettre tout en œuvre pour que cette décision, cette approche, soit partagée avec l’ensemble des ambassadeurs, ici accrédités en Guinée, et les représentants de la communauté internationale. Les gens qui ont accumulé de l’argent et qui utilisent cet argent pour acheter des influenceurs, des canaux médiatiques à gauche, à droite, pour remettre en cause la stabilité de ce pays, l’impunité, de ce côté-là, c’est fini. Voilà, c’est fini », s’insurge le chef du gouvernement.
N’Famoussa Siby