Dimanche dernier, le général Amara Camara a lu, à la télévision nationale, un décret présidentiel qui stipule que tous les citoyens pourront obtenir gratuitement la carte d’identité biométrique. Une nouvelle qui a provoqué des réactions variées au sein de la population. Alors que quelques-uns manifestent des préoccupations concernant l’application de cette gratuité et la qualité des prestations offertes, d’autres applaudissent une initiative favorisant l’accès aux documents.
On a rencontré Mohamed Sano, un habitant de Conakry, dans les rues de la ville. Fort de son expérience, il met en lumière un système corrompu où l’argent joue un rôle crucial dans l’acquisition de documents officiels, y compris la carte nationale d’identité.
« Après avoir mobilisé tous les documents, comme l’extrait de naissance par exemple, je suis allé au ministère de la Sécurité. Ils ont une boîte à l’interne où ils font les cartes d’identité. Mais il se trouve que tu les payes cher. Et compte tenu de l’urgence dans laquelle je me trouvais, j’ai été obligé de le faire par peur aussi de voir mon dossier traîné. Imaginez-vous, j’ai payé en tout 450.000 GNF pour ma maman, ma sœur et moi. Et à chaque fois, je récupérais la pièce en moins d’une semaine », a-t-il confié.
Abondant dans le même sens, Mariama Ciré Diallo exprime aussi un sentiment de satisfaction mêlé à de la frustration. « Honnêtement, je suis contente qu’ils aient finalement décidé de rendre la carte d’identité biométrique gratuite. Mais en même temps, ça me frustre qu’ils n’aient pas commencé par ça. J’ai dépensé près de 500 000 francs guinéens pour obtenir mon extrait biométrique et ma carte d’identité. C’est une somme considérable pour beaucoup de Guinéens », a-t-elle indiqué.
À l’inverse de précédents, Moïse Touré se réjouit entièrement de cette annonce. Selon lui, en plus des procédures administratives fastidieuses, les coûts d’obtention de la carte constituaient aussi un obstacle pour de nombreux Guinéens qui ont du mal à subvenir à leurs besoins quotidiens.
« Je trouve que c’est une politique qui pourra encourager le reste de la population à se procurer une carte d’identité biométrique, sachant que le coût freinait la plupart de la grande partie de la population qui peine déjà à se nourrir au quotidien. Donc, à mon avis, la population va se précipiter dans les commissariats en masse pour saisir cette occasion », a-t-il souligné.
Cependant, d’autres observateurs craignent l’application de ce décret, jugeant « floue » la communication des autorités qui n’ont pas précisé les modalités pratiques de cette gratuité, les conditions d’obtention et les éventuels délais de délivrance.
JRI de l’ombre