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Afrique du sud : Donald Trump veut-il réveiller les démons ?

De sa part, c’était déjà discourtois de dénoncer la promulgation, le 23 janvier dernier, de la loi sur l’expropriation foncière, une question interne à l’Afrique du sud. Sauf que le président américain est connu pour ne pas faire les choses à moitié. C’est ainsi qu’il en est venu à proposer aux Sud-africains blancs, la possibilité pour eux de s’exiler aux Etats-Unis, au motif qu’ils seraient menacés en tant race par les autorités sud-africaines. Des prises de position d’autant plus inquiétantes qu’elles sont susceptibles de rouvrir des plaies non encore tout à fait cicatrisées.

Donald Trump et Elon Musk ont-ils vraiment conscience des risques qu’ils font peser à l’Afrique du sud en tirant si inconsciemment sur la corde sensible de la division raciale ? Pourquoi s’obstinent-ils à remettre en cause la cohésion précaire dont l’Afrique du sud a su profiter depuis la fin de l’apartheid en 1991 ? En tout cas, les deux milliardaires ne doivent pas particulièrement aimer le président Cyril Ramaphosa. C’est en effet tout d’abord au président sud-africain que le locataire de la Maison blanche et le patron de SpaceX font du mal. Pressé par la majorité noire qui lui demande d’accélérer la dynamique de la correction des inégalités héritées du régime inique de l’apartheid, Cyril Ramaphosa, pris au piège par les sorties et les menaces malencontreuses de Donald Trump, se retrouve dans l’incapacité d’agir. Parce que subitement affublé des accusations de racisme anti-blanc. Il en est réduit à faire des démentis embarrassés.

Mais au-delà de la personne de Ramaphosa, c’est de la cohésion tout aussi laborieuse que fragile de l’Afrique du sud dont il est question. On sait en effet par quel chemin ce pays est passé. On sait surtout que les équilibres sont précaires, que les ressentiments demeurent de part et d’autre et que certains sujets doivent être encore abordés avec tact et habileté. Des détails dont ne s’encombrent ni Donald Trump, ni Elon Musk. Dans leurs propos respectifs, ils sont même si crus qu’on pourrait penser qu’ils cherchent délibérément à réveiller certaines tensions. Autrement, comment peut-on sérieusement dénoncer une discrimination des Blancs précisément en Afrique du sud ? Que des Blancs fassent partie des victimes de l’insécurité et de la violence qui minent les rues de certaines cités dans le pays, cela peut bien s’entendre. Mais cela doit davantage procéder d’une problématique globale découlant de facteurs socioéconomiques tels la pauvreté qui touchent davantage les Noirs. Dans ce pays, le sort des Noirs est si révoltant que la posture de Trump et de son nouvel ami peut légitimement être perçue comme relevant d’une provocation. D’où le danger et les risques qui la sous-tendent.

En se posant en défenseurs attitrés de la minorité blanche prétendument victime de persécutions – et surtout en donnant un certain écho à cette allégation plutôt mensongère – le président américain et Elon Musk risquent de radicaliser les positions et de relancer les querelles à consonance raciale. Si certains expliquent cette attitude de la nouvelle administration américaine par le fait que l’Afrique du sud serait trop proche de l’Iran au détriment en particulier d’Israël contre qui elle a même porté plainte devant la Cour internationale de la justice en décembre 2023, il y a que la réaction est disproportionnée. En effet, de telles accusations ne sauraient justifier qu’on veuille instrumentaliser une question aussi sensible que le conflit racial en Afrique du sud.

Malheureusement, pour l’heure, on entend aucun dirigeant, de même qu’aucune institution du continent africain. Alors que tout le monde est conscient du danger auquel le pays de Nelson Mandela est exposé du fait des agissements et des propos de Donald Trump et Elon Musk, personne ne veut se risquer à contrarier le numéro un américain. Ainsi donc, on laisse l’Afrique du sud se démerder comme elle peut. Pourtant, que n’aurions-nous pas entendu si Macron avait été à la place de Trump ?

Boubacar Sanso Barry

 

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