Ce 13 février 2025, le collectif des avocats de Mamadou Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), a organisé une conférence de presse pour dénoncer les violations des droits de leur client, emprisonné depuis le 2 janvier 2025. Me Halimatou Camara, l’une des avocats de la défense, a pris la parole pour exprimer son indignation face à ce qu’elle considère comme une grave dérive de l’État de droit en Guinée.
« C’est une question cruciale. Nous sommes un État. Nous sommes dans une république », a commencé Me Halimatou Camara. Selon elle, l’incarcération d’Aliou Bah, leader politique et président du MoDeL, pour avoir exprimé ses opinions, met en lumière un problème systématique de répression des voix dissidentes. « Ça fait 50 jours qu’il est incarcéré, juste parce qu’il s’exprime en tant que leader politique. Pourquoi aujourd’hui, faut-il faire taire les autres voix ? », a-t-elle interrogé, soulignant que cet emprisonnement soulève des questions essentielles pour l’avenir du pays.
Elle a également déploré l’instrumentalisation de la justice contre Aliou Bah, comparant sa situation à celle d’autres personnes qui, malgré des discours haineux et incitatifs, n’ont pas fait l’objet de poursuites judiciaires. « Nous avons le sentiment que la justice est utilisée contre lui, pour étouffer toute forme de contestation », a-t-elle insisté. Selon l’avocate, ces événements montrent que la justice guinéenne, loin de garantir l’équité, semble être au service d’une volonté politique d’écraser les opposants.
L’avocate a également évoqué les violations des droits de Aliou Bah depuis le 26 décembre 2024. Elle a rappelé que ces violations, qu’elle a détaillées avec Me Pépé Antoine Lamah, étaient contraires aux conventions internationales ratifiées par la Guinée et garanties par la Charte de la Transition. Pour Me Halimatou, cela met en évidence un abandon des principes de légalité, qu’elle estime « malmenée » et « foulée au sol » par l’État actuel. « La légalité est en train d’être anéantie. Peut-être que le mot est fort, mais c’est ce que l’on ressent », a-t-elle martelé.
L’avocate a également rappelé que la Charte de la transition, qui gouverne actuellement le pays, reconnaît des instruments juridiques internationaux, tels que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et les principes de la Charte des Nations Unies. Elle a exprimé son inquiétude quant à la manière dont les droits fondamentaux sont désormais ignorés, au détriment de la volonté de quelques individus. « Ces instruments juridiques sont-ils plus faibles que la volonté d’individus dans notre pays ? », s’est-elle demandée, avant de conclure en appelant les juges à prendre leurs responsabilités.
Enfin, Me Halimatou Camara a souligné que la libération de Mamadou Aliou Bah n’était pas une faveur, mais une simple restitution de ses droits en tant que citoyen guinéen et leader politique. « Il n’a pas besoin de la clémence, mais simplement de ce qui lui revient de droit », a-t-elle affirmé. Elle a exprimé l’espoir que la cour d’appel rétablisse la justice en rendant une décision conforme aux principes de la légalité et des droits humains.
Pour Me Camara et le collectif des avocats, la situation actuelle représente un dangereux précédent pour l’avenir du pays. « Si ce qui se passe aujourd’hui est accepté, cela signera la fin de la justice et des libertés en Guinée », a-t-elle averti.
Dans l’attente de l’appel, la défense de Mamadou Aliou Bah continue de se battre pour l’application du droit et pour que les principes fondamentaux sur lesquels repose l’État de droit en Guinée soient respectés.
Thierno Amadou Diallo