Autrefois, les Villas Sily symbolisaient le régime de feu président, Ahmed Sékou Touré, à travers tout le pays, au lendemain de l’indépendance, et même celui de la deuxième République, sous le général Lansana Conté. Aujourd’hui, à Guéckédou, ce centre réceptif hôtelier, autrefois réservé à des hôtes de marque, n’est plus que l’ombre de lui-même.
Décimée en 2000 lors de l’incursion rebelle à Guéckédou, la Villa Sily demeure l’une des infrastructures les plus violemment touchées par cette rébellion. Depuis lors, elle n’a jamais été réhabilitée. Les arbres et les herbes ont remplacé ses occupants d’antan.
Pour redorer son blason, plusieurs voix – et non des moindres – s’élèvent pour interpeller les nouvelles autorités du pays. C’est notamment le cas de l’autorité coutumière, témoin des années de gloire de la Villa Sily de Guéckédou.
Pour le patriarche Fodé Mathias Dembadouno, la Villa Sily est un monument historique à préserver.
« La Villa Sily est un symbole pour Guéckédou, initié par le président Ahmed Sékou Touré. C’est là qu’étaient logés les hôtes de marque, comme les présidents africains William Tubman du Liberia, Kwame Nkrumah du Ghana, et bien sûr, le président Sékou Touré lui-même, à chacune de ses visites ici. Aujourd’hui, la Villa Sily est abandonnée », regrette-t-il.
Plus loin, l’autorité morale de Guéckédou est revenue sur les démarches déjà entreprises pour voir cette villa réhabilitée.
« Depuis très longtemps, j’ai entrepris des démarches auprès des plus hautes autorités politiques. Cette année, lors de la pose de la première pierre de la cité administrative, le 26 février, j’en ai également parlé à la délégation gouvernementale dirigée par le ministre Mory Condé. Nous avons visité les lieux : c’était vraiment déplorable. Le ministre, devant tous les cadres de Guéckédou à Conakry, devant la présidente de la délégation spéciale, devant le préfet, a promis fermement de restaurer la Villa Sily. Le projet est en bonne voie. Nous attendons sa concrétisation », a déclaré, plein d’espoir, Fodé Mathias Dembadouno.
Par ailleurs, le patriarche de Guéckédou s’est insurgé contre l’installation d’un pylône d’une société de téléphonie sur les lieux.
« Cette antenne, dont on ignore encore qui a autorisé l’installation, doit être retirée. Le ministre avait demandé aux autorités locales de Guéckédou de lui indiquer qui avait permis l’implantation de ce pylône. Mais à ce jour, aucune réponse n’a été fournie. Depuis le 26 février 2025 jusqu’à maintenant, si nous ne savons toujours pas qui est derrière cela, il faut se poser la question : où sont les autorités communales et préfectorales ? Quelle mairie a géré ce dossier, et qui le gère aujourd’hui ? Il faut que nous soyons déterminés dans ce que nous faisons », a-t-il interpellé.
Niouma Thèndan Kamadou Kamano, pour Ledjely.com