Âgé d’une vingtaine d’années, Abdoul Karim Diallo, élève en 9e année au lycée-collège de Kobaya, dans la commune de Sonfonia, incarne le courage et la détermination. Pas très grand, le teint noir et avec un physique athlétique, il partage son quotidien entre les bancs de l’école et une activité peu commune pour un élève de son âge : le lavage de véhicules et de motos à Kissosso.
Face aux difficultés économiques de sa famille, Karim a choisi de ne pas rester les bras croisés. Chaque jour, après ses cours qui se terminent à 14h, il parcourt une longue distance – souvent à pied – pour rejoindre son lieu de travail. Une double vie, entre études et labeur, qu’il assume avec fierté.
« Je ne badine pas avec les études. J’ai toujours figuré parmi les meilleurs de ma classe. Cette année, j’ai terminé 12e au premier semestre, grâce à un travail acharné. Je compte bien faire encore mieux au second trimestre », confie-t-il avec conviction. « Comme me dit souvent un de mes professeurs : “Petit, il faut travailler dur pour réussir dans la vie” », a-t-il indiqué.
Karim est l’aîné d’une fratrie modeste. Sa mère, consciente des charges familiales, l’a encouragé à intégrer la station de lavage où travaillait déjà son jeune frère, Ibrahima Diallo, 15 ans, élève en 5e année. Au départ, Karim, très studieux, ne s’imaginait pas dans un tel métier. Mais la situation de la famille en a décidé autrement.
Aujourd’hui, il tire une grande satisfaction de ce travail. Il parvient à couvrir une partie des charges de la famille et affirme fièrement. « À chaque fin du mois, je donne la moitié du montant du loyer à mon père », a-t-il souligné.
Si certains considèrent le lavage de véhicules comme un “petit métier”, Karim y voit une activité digne, qui lui permet de subvenir à ses besoins sans compromettre ses études.
« Je peux laver entre 10 et 15 motos par jour. Les week-ends, je peux gagner jusqu’à 250 000 GNF, et en semaine entre 100 000 et 150 000 GNF. Cela me permet de soutenir mon père », a-t-il affirmé.
Grâce à une entente équitable avec son employeur, Karim gagne 7 000 GNF pour chaque moto lavée (facturée à 15 000 GNF), et entre 15 000 et 18 000 GNF pour les petites voitures, selon les tarifs appliqués.
En seulement six mois, il a acquis les compétences clés du métier. Discipline, persévérance et volonté définissent ce jeune homme, qui ne laisse rien au hasard. Il a même su instaurer une routine rigoureuse pour ne pas négliger ses études.
« Je travaille huit heures par jour, sauf le dimanche matin. Après le travail, je rentre à la maison, je me lave, je me repose un peu, puis je révise de 22h à 00h30. Ce n’est pas facile, mais je m’y suis habitué », a-t-il expliqué.
Son patron, Mamadou Kindi Bah, ainsi que ses collègues, ne tarissent pas d’éloges à son sujet.
« Il est très sérieux, ponctuel et communique bien avec les clients. Je lui fais pleinement confiance. Quand un client est pressé, c’est à Karim que je confie le véhicule. Il est rapide, appliqué et certains clients refusent même de faire laver leur véhicule si Karim n’est pas là », a-t-il confié.
Même si ce travail n’était pas son choix initial, Karim y trouve une leçon de vie. Il encourage les jeunes à sortir de l’oisiveté et à affronter les réalités.
« Mon rêve est de devenir une grande personnalité. L’étude est la clé de tout. Ce travail n’est que temporaire, car je compte bien poursuivre mes études. Je ne suis pas né avec une cuillère d’or dans la bouche, donc je me bats pour combler les manques. À ceux qui vivent la même situation, je dis : trouvez une activité extra-scolaire qui ne compromet pas vos études, car la vie n’est jamais facile quand on naît pauvre », a-t-il conclu.
Lansana Camara, stagiaire