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Jeunes Guinéens face aux réseaux : entre piège numérique et levier de réussite

En Guinée, les réseaux sociaux s’imposent de plus en plus dans le quotidien des jeunes. TikTok, Facebook, Instagram ou encore WhatsApp rythment leurs journées. Outils de communication, de divertissement, mais aussi d’information et d’aliénation, ces plateformes numériques dessinent aujourd’hui une jeunesse guinéenne divisée entre addiction et ambition.

L’évolution technologique a bouleversé les modes de vie, et la Guinée n’est pas restée en marge. Dans les quartiers de Conakry, comme à l’intérieur du pays, il n’est pas rare de voir de jeunes les yeux rivés à leurs écrans, même en pleine circulation ou au cours des réunions familiales. Si les réseaux sociaux permettent une ouverture sur le monde, ils emportent avec eux leur lot de dérives.

Alhassane Touré, jeune menuisier de 26 ans, est l’un de ces utilisateurs intensifs. « Je passe plus de temps sur TikTok et Facebook qu’avec les travaux parfois. Avec le peu que je gagne, je ne me gêne pas d’acheter un forfait au lieu de  mettre tout l’argent de côté. Les vidéos, les lives, les tendances… tout ça m’attire », confie-t-il avec un sourire embarrassé.

Comme lui, beaucoup de jeunes peinent à gérer leur consommation numérique. Rougui Diallo, âgée de 20 ans, avoue être « totalement accro » aux réseaux sociaux. « Je sais que ça me déconcentre. Je perds des heures chaque jour sur les réseaux sociaux sans objectif. J’aimerais m’en détacher, mais je n’y arrive pas. C’est devenu un réflexe, une habitude presque automatique », raconte-t-elle.

Pour les sociologues, cette situation n’est pas anodine. Ibrahim Baïllo, enseignant-chercheur en sociologie, tire la sonnette d’alarme : « Les réseaux sociaux sont aujourd’hui une arme puissante. Mal utilisée, elle peut détruire une génération. Elle isole les jeunes, leur fait croire que le monde virtuel est plus gratifiant que le monde réel. Cette illusion est dangereuse, car elle coupe la jeunesse de ses responsabilités sociales ».

Le sociologue souligne aussi les risques d’addiction, de perte de productivité, de repli sur soi, mais aussi d’exposition à des contenus violents, mensongers ou immoraux. Des phénomènes qui ont un impact direct sur la réussite scolaire, la santé mentale et la cohésion sociale.

Pourtant, dans cette marée d’addictions, certains jeunes font un usage intelligent et constructif des réseaux sociaux. Ils y trouvent un espace d’expression, d’apprentissage et même de création de revenus.

C’est le cas de Mohamed Facinet Camara, étudiant en journalisme. Il a lancé son propre marché virtuel. Sur sa plateforme, il met en avant ses produits et interagit avec ses clients. « Mon expérience avec le Marché Électronique de Conakry m’a permis de comprendre que les réseaux sociaux peuvent générer des revenus », dit-il. « Et à présent, je suis persuadé que si on les utilise correctement, les réseaux sociaux peuvent être un instrument efficace pour faire croître une activité en ligne et produire des bénéfices », ajoute-t-il.

Comme lui, d’autres jeunes utilisent Facebook ou Instagram pour vendre des produits, promouvoir des projets artistiques ou sensibiliser sur des causes sociales.

Face à cette réalité contrastée, les solutions ne peuvent être ni extrêmes ni simplistes. Il ne s’agit pas d’interdire l’accès aux réseaux sociaux, mais d’en promouvoir un usage responsable. Cela passe par l’éducation numérique dans les écoles, des campagnes de sensibilisation, mais aussi une implication des familles et des autorités.

« Les jeunes doivent comprendre que les réseaux sociaux ne sont qu’un outil. Ce n’est pas la technologie qui est mauvaise, c’est l’usage qu’on en fait », rappelle le sociologue.

À l’ère du numérique, la jeunesse guinéenne est à la croisée des chemins. D’un côté, un monde virtuel séduisant mais potentiellement destructeur. De l’autre, une opportunité de s’émanciper, d’innover et de réussir autrement.

Reste à savoir si les jeunes feront le choix de dominer les réseaux, ou de s’y laisser dominer. L’avenir numérique de toute une génération en dépend.

Abdourahamane Barry, stagiaire

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