Dans un climat régional chargé d’incertitudes, le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a été porté ce dimanche 22 juin 2025 à la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à l’issue d’un sommet ordinaire tenu à Abuja, au Nigeria. Il succède ainsi à son homologue nigérian Bola Ahmed Tinubu.
Ce passage de témoin intervient à un moment charnière pour l’organisation ouest-africaine, qui vient de fêter son 50ᵉ anniversaire dans un contexte plus que jamais marqué par des défis politiques, sécuritaires et économiques majeurs.
L’élection de Maada Bio, 37ᵉ président en exercice de la CEDEAO, s’inscrit dans le cadre de la présidence tournante de l’organisation. Elle survient alors que plusieurs États membres sont encore englués dans des transitions politiques prolongées ou confrontés à des crises institutionnelles. Le retrait annoncé de certains pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso a déjà affaibli la cohésion du bloc régional.
La montée en puissance des groupes armés dans le Sahel, les tensions politiques internes dans certains pays membres, la menace d’un effritement de la démocratie, ainsi que les difficultés liées à la libre circulation et à l’unité monétaire, placent la CEDEAO face à un impératif : se réinventer ou se disloquer.
Ancien militaire reconverti en homme d’État, Julius Maada Bio est à la tête de la Sierra Leone depuis 2018. Il devra désormais porter la voix collective d’une région en quête de stabilité, tout en œuvrant à redorer le blason d’une organisation dont l’autorité est de plus en plus contestée.
Les observateurs s’accordent à dire que sa présidence sera scrutée de près, tant sur sa capacité à restaurer les ponts entre les membres divisés que sur ses engagements en faveur de la démocratie, de la sécurité régionale et de l’intégration économique.
La CEDEAO, fondée en 1975, s’est longtemps imposée comme l’un des blocs régionaux les plus dynamiques d’Afrique. Mais les secousses politiques récentes ont ébranlé sa crédibilité. L’arrivée de Maada Bio à sa tête suffira-t-elle à raviver la flamme d’une intégration régionale en perte de vitesse ?
C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre. Reste à savoir si le président sierra-léonais aura les coudées franches et le soutien des États membres pour en écrire les pages les plus décisives.
N’Famoussa Siby