Suite à la diffusion d’informations jugées erronées, l’Inspection générale du travail, à travers la Commission d’Interprétation et de Conciliation de la Branche Professionnelle des Mines et Carrières, a animé un point de presse ce lundi 1er septembre 2025 dans un réceptif hôtelier de Conakry. Objectif : clarifier le rôle de la convention collective et présenter les innovations qu’elle introduit.
Cette rencontre a mobilisé les organisations syndicales, les employeurs du secteur minier, les partenaires sociaux ainsi que la presse publique et privée.
Dans son intervention, l’Inspecteur général du travail, Mohamed Ouattara, est revenu sur la mission de cette commission.
« Cette commission tire sa légitimité de l’article 19 de la convention collective des mines et carrières. La convention, signée le 14 février et entrée en vigueur le 1er août, a suscité beaucoup d’incompréhensions, notamment autour de l’article 757, dit cadran catégorique. La convention collective n’est pas un produit de l’État. C’est un accord entre employeurs et employés, sous la supervision de l’Inspection générale du travail. Elle ne résulte pas non plus d’une initiative isolée d’un syndicat ou du patronat », a-t-il précisé.
Mohamed Ouattara a insisté sur l’une des principales innovations de cette convention : la fixation de salaires minimums pour certaines catégories de travailleurs.
« Un ouvrier non qualifié doit percevoir au minimum 2,6 millions GNF dans une société mère, et 70 % de ce montant chez un sous-traitant. Pour les agents de maîtrise, le salaire minimum est fixé à 8,5 millions GNF pour les maisons mères, et 70 % de ce montant chez les sous-traitants. Ces montants n’ont pas été imposés par l’État mais résultent d’un consensus entre syndicats et patronat, validé dans la convention collective », a-t-il expliqué.
Il a également précisé que la convention s’applique désormais à toutes les entreprises minières présentes ou futures en Guinée, même sans adhésion préalable, ce qui constitue une avancée majeure.
Concernant l’application et la résolution des conflits, l’Inspecteur a rappelé que les articles 18 et 19 de la convention prévoient deux types de commissions :
- La commission paritaire au sein des entreprises, composée d’employeurs et d’employés, chargée d’examiner les litiges liés à l’interprétation de la convention.
- La commission d’interprétation et de conciliation au niveau national, qui peut être saisie en cas d’échec au niveau local.
La question de la catégorisation des emplois reste au cœur des débats. Selon Mohamed Ouattara, la convention distingue notamment :
- Les ouvriers non qualifiés, exécutant des tâches ne nécessitant pas de formation spécifique.
- Les ouvriers qualifiés, les agents de maîtrise et les cadres, dont les conditions de rémunération peuvent être négociées entre employeur et syndicat.
De son côté, Boubacar Fatou Camara, représentant de la Confédération générale des entreprises de Guinée (CGGI), a insisté sur l’importance de la convention pour la stabilité sociale dans le secteur minier.
« Cette convention vise à garantir un climat social apaisé et à préciser les droits et devoirs de chaque partie. Toutefois, la catégorisation des emplois reste problématique : de nombreux diplômés universitaires occupent des postes d’ouvriers qualifiés pendant de longues années, ce qui crée des frustrations. La Commission doit adopter une approche préventive afin d’anticiper ces difficultés », a-t-il souligné.
Pour une meilleure compréhension, la Commission d’Interprétation et de Conciliation prévoit d’organiser, dans les jours à venir, une tournée de sensibilisation dans plusieurs zones minières, notamment à Boké et Kankan, afin de favoriser un dialogue constructif entre ouvriers, employeurs et partenaires sociaux.
Aminata Camara