Ce 5 septembre 2025, la douleur et la tristesse étaient palpables à l’École militaire de Manéah, théâtre d’une cérémonie funèbre nationale en hommage aux victimes de l’éboulement survenu le 20 août dernier. En ce jour de deuil et de recueillement, malgré une forte pluie, familles endeuillées, membres du gouvernement, chefs religieux, forces de défense et de sécurité ainsi qu’une foule nombreuse de citoyens se sont rassemblés pour dire adieu aux disparus de cette tragédie.
Sous de grandes tentes blanches dressées pour l’occasion, quinze cercueils reposaient côte à côte, disposés sur des tabliers, trois par tablier. Quatre autres corps avaient déjà été inhumés plus tôt. Tous ont reçu les derniers hommages de la Nation avant leur inhumation, prévue au cimetière de Friguiadi, après la prière du vendredi.
Dès 10 heures, la mobilisation était de taille. Le Premier ministre Amadou Oury Bah, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, a pris la parole pour exprimer la compassion du peuple guinéen, au nom du Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya. « Nous sommes réunis aujourd’hui dans le recueillement de la douleur et de la solidarité pour accompagner nos frères et sœurs victimes du tragique éboulement survenu à Manéah vers leur dernière demeure », a déclaré le chef du gouvernement.
« Le gouvernement s’engage à tirer toutes les leçons de ces événements tragiques, à accompagner les familles affectées et à mettre en œuvre des mesures concrètes pour protéger nos populations », a-t-il ajouté.
Le drame de Manéah a fait au total 19 morts, 11 blessés et 9 disparus, selon Lancei Touré, Directeur général de l’Agence nationale de gestion des urgences et catastrophes humanitaires. Parmi les rescapés, Thierno Souleymane Baldé a livré un témoignage bouleversant. Ayant perdu ses deux épouses et ses six enfants, il a ému l’assistance par la profondeur de sa douleur.
La cérémonie a également été marquée par des prières coraniques dirigées par les chefs religieux, en mémoire des victimes et des disparus. Ces moments de recueillement ont renforcé l’esprit d’unité et de solidarité nationale face à cette épreuve.
Le Premier ministre a étendu son message de compassion à toutes les victimes des catastrophes naturelles ayant touché d’autres localités du pays cette année, notamment Conakry, Dubréka, Macenta et Siguiri. « Ces pertes énormes que la nation subit doivent nous élever collectivement au niveau de prudence requis quant à l’occupation des zones d’habitation », a-t-il insisté, appelant à une meilleure gestion de l’aménagement du territoire et au respect strict des consignes de sécurité.
Ce drame remet une fois de plus au cœur du débat national la problématique de l’urbanisation anarchique, la fragilité des infrastructures et le manque de prévention face aux catastrophes naturelles.
Alors que les cercueils étaient transportés un à un vers leur dernière demeure, les larmes, les prières et les silences lourds traduisaient une douleur collective.
Thierno Amadou Diallo