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PROCES SORO : Ah cette Côte d’Ivoire qui ne tire pas les leçons !

Le procès de Guillaume Soro et de la vingtaine de ses partisans s’est ouvert ce mercredi 19 mai 2021, devant le tribunal criminel d’Abidjan. Poursuivis entre autres pour ‘’complot’’ et ‘’tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat’’, le leader de ‘’Générations et peuples solidaires (GPS)’’ et ses co-accusés risquent la perpétuité. Si à l’inverse, les avocats de celui qui a été tout à la fois chef rebelle, premier ministre et président de l’Assemblée nationale de son pays, dénoncent un ‘’simulacre de procès’’ et un ‘’règlement de compte politique’’, il convient de relever que ce procès et bien avant lui, la traque dont a fait l’objet l’ancien allié d’Alassane Ouattara ont tendance à symboliser un schéma plutôt caractéristique de la pratique politique en Côte d’Ivoire. Une pratique politique au sein de laquelle le rassemblement des acteurs n’est jamais total et où on s’arrange toujours à façonner la victime et le martyr ayant des raisons de nourrir des idées de vengeance pour le futur. Avant-hier, c’était à Alassane Ouattara lui-même de faire l’amère expérience de cet ostracisme manifestement érigé en une règle tournante. Hier, c’était autour de Laurent Gbagbo. Et aujourd’hui, celui de Guillaume Soro. C’est à croire que la Côte d’Ivoire est condamnée à retomber dans ces travers.

 Ciblage particulier?

Qu’on se le dise tout net. Rien ne saurait justifier de la part d’un politicien qu’il s’en prenne aux institutions incarnant la République pour faire valoir ses revendications, aussi légitimes soient celles-ci. C’est dire que si Guillaume Soro, comme le prétendent les autorités ivoiriennes, a fait peser une quelconque menace sur la stabilité du pays, il n’aurait pas eu raison. Cependant, l’on a du mal à comprendre le ciblage particulier dont il fait visiblement l’objet de la part des maîtres actuels à Abidjan. Parce qu’à priori, il n’aura pas été plus menaçant que les autres opposants, dans le cadre notamment du laborieux processus électoral d’octobre dernier. Pourtant, l’impression qui est renvoyée c’est que la réconciliation entre Alassane Ouattara d’une part, et Henri-Konan Bédié et Laurent Gbagbo de l’autre, s’est faite sur le dos de l’ancien chef rebelle des Forces nouvelles. Or, cette stigmatisation et son exclusion de fait de la scène politique ivoirienne, l’intéressé peut très mal les vivre au point d’en faire le ferment d’une nouvelle odyssée politique. D’autant qu’au-delà de tout, il peut se percevoir comme étant victime d’une trahison de l’actuel président de la République qu’il a contribué à installer au pouvoir.

L’exclusion, un marqueur

Sauf qu’au-delà de Guillaume Soro, l’exclusion est un peu le marqueur de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. C’est en tout cas ce qui se dégage de l’exercice du pouvoir par les trois ténors que sont Henri-Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Récupérant à son compte le concept idéologique de l’ivoirité, le premier s’en était servi pour faire vivre un véritable enfer à Ouattara durant toute la décennie 90, alors qu’il était aux manettes.  Et à l’époque, il avait le soutien ne serait-ce qu’implicite des autres. Puis, durant son passage à la tête du pays, Laurent Gbagbo, même s’il ne le revendique pas aussi bruyamment que l’avait fait Bédié, ne se sert pas moins des antagonismes qui sous-tendent l’ivoirité pour continuer à éloigner Alassane Ouattara du pouvoir. Là aussi, sans que les autres opposants ne s’en offusquent. Enfin, en avril 2011, au terme de la crise politique l’ayant contraint à abandonner son palais, ce même Gbagbo devait se voir transférer à la prison de la Haye, dans une indifférence totale des autres acteurs politiques de l’opposition ivoirienne. Et désormais, c’est à Guillaume Soro de se retrouver dans cette position peu enviable. C’est dire donc qu’on n’a pas retenu la leçon. Parce que ces exclusions n’ont pas affecté que les victimes.

Absurdité

Quelquefois, elles ont entrainé des pertes en vies humaines et provoqué de nombreux blessés. Elles ont surtout très souvent menacé la quiétude et la tranquillité du pays qui fait pourtant office de locomotive économique de l’espace francophone de l’ouest-africain. Le vivre-ensemble et la cohésion nationale, quant à eux, en sont si souvent sortis ébranlés. D’où l’absurdité qu’ont les acteurs à vouloir perpétuer cette tare dont la Côte d’Ivoire a payé un trop lourd tribut.

Boubacar Sanso BARRY

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