Si les plans de développement local n’ont jamais pris en compte la rénovation du plus vieux lycée de la région administrative de Kindia, les anciens élèves du lycée 28 septembre, eux, sont désormais décidés à retrousser les manches pour redorer l’image de l’établissement scolaire qui les a formés, restituer la dignité à leurs professeurs et participer à la formation de la génération actuelle d’élèves. Pour les besoins de la cause, ils ont fédéré leurs efforts dans une structure associative dont les membres se trouvent dans plusieurs pays, dénommée Association Kanianaise pour la Solidarité et le Développement durable. Pour en savoir davantage sur cette initiative, Ledjely.com – à travers son correspondant régional à Kindia – est allé à la rencontre de Djénabe Baldé, la coordinatrice des projets de cette association. Interview…
Ledjely.com : Madame, vous êtes actuellement à Kindia pour apporter des soutiens à votre ancienne école. Présentez-nous la structure dans laquelle vous évoluez pour réaliser vos activités.
Djénabe Baldé : Oui, je suis Djénabe Baldé, coordinatrice des projets de l’Association Kanianaise pour la Solidarité et le Développement durable. Pour en venir à notre association, il faut dire que nous sommes un groupe appelé Chez les Copains d’Avant, né sur Facebook d’une idée très banale de la présidente Saran Grisard. L’objectif premier était de se retrouver tous, car à notre époque à Kindia, seulement les téléphones fixes existaient. Donc, on s’est tous perdus de vue après l’école. Ce groupe a été crée pour que tous les fils et filles de Kindia se retrouvent, revivent les souvenirs de leur enfance. Il a été crée en avril 2020 et il compte a ce jour 4 administrateurs et 5 500 membres, qui ne sont d’ailleurs pas que de Kindia. Les membres sont un peu partout dans le monde maintenant.
C’est merveilleux quand vous nous parler de l’ampleur prise par cette initiative, dites-nous pourquoi cette association.
Après ces retrouvailles, nous nous sommes dit qu’il fallait quand même que ce groupe soit rentable à cette ville qui nous a presque tout donné. Et pour cela, il fallait le légaliser en créant une association. Nous avons fait les démarches mais le nom posait problème, Chez les Copains d’Avant ne pouvait pas être utilisé comme nom d’une association légale selon les autorités que nous avons rencontrées en premier à Kindia. Nous alors avons choisi Association Kanianaise pour la Solidarité et le Développement durable. Nous avons fait l’annonce dans le groupe, car il faut dire aussi que nous avons eu beaucoup de demandes des membres pour savoir ce que le groupe compte faire pour Kindia.
Concrètement, quelles sont les activités réalisées à ce jour par votre association ?
Dès la création de l’association, nous avons fait une première collecte de fonds, uniquement sur Facebook, où nous avons pu récolter cinq millions de francs guinéens. Nous avons acheté des masques, des sacs de riz que nous avons distribués dans les quartiers précaires de Kindia. C’était en pleine période du Covid-19. Ces dons étaient donc la bienvenue !
Nous avons lancé une deuxième collecte où nous avons eu 52 millions francs de donateurs d’un peu partout dans le monde. L’objectif de cette collecte était dans un premier temps, la construction des toilettes publiques dans le grand marché de Kindia. Avant le début de la collecte, nous avons été voir les autorités communales qui étaient très contentes de l’initiative. Mais comme il fallait faire une collecte, on savait le début mais pas la fin ni le résultat. On ne pouvait pas dire une date précise du début des travaux. Entretemps, la mairie a eu un contrat pour le marché, heureusement. Donc, nous nous sommes tournés vers le lycée 28 septembre. Car c’était notre objectif de départ mais les travaux sont tellement énormes qu’on s’est dit ne pas pouvoir être capables d’y arriver. Mais après tout, on s’est dit qu’il faut bien commencer quelque part, vu l’importance qu’a ce lycée pour la ville de Kindia. Et on s’est dit que si nous commençons, beaucoup d’autres viendront nous rejoindre après.
Quelles sont vos premières actions pour cette école au compte de votre association ?
On a voulu commencer par les salles de classe. Mais imaginez pour tout le lycée, il y avait trois cabines de toilettes dont deux cabines pour les 1 758 élèves et une pour tous les enseignants de l’établissement. Bien que les salles de classe soient une urgence, il fallait impérativement commencer par donner à ce lycée des toilettes. Dans les 52 millions dépensés, 22 millions ont été pour la rénovation de trois cabines pour les élèves. Nous avons à ce jour 30 millions de francs guinéens disponibles. Mais c’est insuffisant pour rénover les salles de classes. D’où notre présence ce mercredi 26 mai 2021 dans cette école pour redéfinir de nouvelles dimensions.
C’est important ce que vous faites, pouvez-vous nous expliquer votre mode de collecte de fonds ?
Nous avons besoin de tout le monde ! Nous avons un numéro Orange Money en Guinée qui est le 621 53 43 42, un lien gofundme disponible sur la page Facebook de Chez les Copains d’avant. Nous avons tous les modes de paiement disponibles aux Etats-Unis, Zelle, Cash up… Ceux qui ont d’autres modes de paiement qui ne sont pas cités peuvent nous contacter. Nous pourrons toujours trouver une solution. Nous avons des représentants en Europe, aux Etats-Unis, en Guinée, etc. Donc, il y aura toujours une solution.
Quel message lancez-vous à ceux qui souhaiteraient se joindre à vous pour cette initiative ?
Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté – ceux qui sont passés par ce lycée et ceux qui sont soucieux de l’avenir de l’école guinéenne – à mettre leurs efforts aux nôtres pour la réalisation de ce projet. Nous n’osons pas imaginer les conditions d’études des élèves de cet établissement en ce moment, avec la saison pluvieuse qui s’annonce dans cette école sans portes, ni fenêtres, ni plafond et avec des tables bancs insuffisantes, le sol avec des trous partout…
Nous avons une pensée positive pour tous nos professeurs qui ont contribué à notre formation. Donc, il faut absolument faire quelque chose pour donner non seulement une certaine dignité aux enseignants qui nous ont tout donné. Nous pensons entre autres à Monsieur Touré, le surveillant général, paix à son âme, que tous ceux qui sont passés par cette école connaissent, à Monsieur Bachelard, Monsieur Famany, Monsieur Matler et beaucoup d’autres pour ne citer que ceux ci…
Propos recueillis par Balla Fakoly