La résurgence du Covid-19 provoquée par l’apparition de nouveaux variants pousse les autorités guinéennes à durcir davantage l’état d’urgence sanitaire. Ainsi, par exemple, le début du couvre-feu qui avait été reculé à minuit est désormais ramené à 22 heures. Cela a été confirmé ce jeudi soir via un décret du président Alpha Condé rendu public dans le JT de la RTG, la télévision nationale. Et au titre des mesures instaurées par le chef de l’Etat pour limiter la propagation de la maladie, on en a une qui est tout à fait nouvelle. Il s’agit de celle qui impose aux voyageurs du réseau interurbain qu’ils présent à la rentrée et à la sortie de chacune des préfectures du pays, un test PCR négatif ou une carte de vaccination.
« Le contrôle sanitaire avec présentation des documents négatifs des tests de PCR ou de vaccination est imposé pour les voyageurs interurbains à la rentrée et à la sortie de toutes les préfectures », ainsi est libellée la mesure telle que lue dans le décret du chef de l’Etat. Par le passé, la présentation de documents attestant du statut négatif des voyageurs avait été exigée, mais cela était circonscrit au Grand Conakry. La nouveauté est donc dans l’extension de la mesure à l’ensemble du pays. On peut imaginer qu’à travers cette mesure, les autorités visent aussi à booster le taux de vaccination qui, dit-on, s’établit à 4 %.
Il est à se demander si l’instauration de ce contrôle à la rentrée et à la sortie de chacune des préfectures ne risque pas d’entrer en contradiction avec la promesse des autorités du ministère de la Sécurité de limiter les tracasseries policières le long des routes guinéennes via une réduction drastique des barrages routiers. Comment en effet rendre effectif le contrôle sanitaire sans que cela ne soit perçu comme – ou ne puisse se transformer en – une tracasserie ? Tel est le défi qu’il va falloir relever. D’autant que le décret du président de la République ne précise pas le sort qui sera réservé aux usagers qui ne disposeront ni du test PCR, ni de la carte de vaccination. On se rappelle en effet qu’en mai 2020, des affrontements entre usagers exaspérés par le racket dont ils estimaient faire l’objet et militaires déployés au niveau du barrage sanitaire de Friguiadi (Coyah) avaient débouché sur plusieurs victimes.
Balla Yombouno