Renversé le 5 septembre 2021, le président Alpha Condé, comme ses prédécesseurs, va devoir se soumettre désormais à l’appréciation de sa gestion du pays…et de son parti. En effet, même si la loi le lui refusait, l’ancien chef de l’Etat a concomitamment géré la Guinée et le RPG arc-en-ciel. Et dans l’un et l’autre, il ne s’est pas toujours prêté au partage du pouvoir. C’est du moins ce que lui reproche aujourd’hui, Souleymane Doumbouya, qui a récemment rendu sa carte de membre de l’ancien parti au pouvoir.
Peinant à émerger de la surprise avec laquelle il a été évincé du pouvoir le 5 septembre 2021, le RPG-arc-en-ciel accuse encore le coup. Certes, il a su envoyer une délégation aux concertations entre les nouvelles autorités et les acteurs politiques. Mais dans ses rangs, ce n’est pas la sérénité. Il peine en particulier à faire émerger un leadership susceptible de reprendre le sceptre du président Alpha Condé. Et c’est d’ailleurs la raison principale que Souleymane Doumbouya, ancien directeur national de la Communication, a invoquée pour justifier son départ. Alpha Condé n’étant plus là, il ne trouve plus un leader susceptible de le faire rêver, dit-il en substance.
Et justement, admet-il, c’est là un trait du bilan de l’ancien président qui écorne sa gestion. Il était très peu disposé à partager le pouvoir. « Chaque fois que des leaderships ont voulu émerger, on dit qu’ils ont des ambitions », confiait Souleymane chez nos confrères de Djoma TV. Comme si avoir des ambitions relevait d’un crime, commente-t-il. Ayant trop longtemps souffert de la conquête du pouvoir, l’ancien président « n’a pas voulu le partager. Il a veillé dessus comme du lait sur le feu. Tous ceux qui pouvaient constituer la moindre menace, il les enlevait ».
A sa décharge, nuance l’ancien membre du RPG, « Alpha Condé vient (au pouvoir) à un âge où il est plus ou moins fragile ».
Curieusement, le président Alpha Condé qui sera demeuré le président inamovible de son parti, rêvait d’en faire l’ANC guinéen. Comme lui-même se rêvait en nouveau Mandela du continent. Dans les deux cas, l’écart entre le rêve et la réalité reste très grand.
Aliou Nasterlin