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SUIVI-EVALUATION DE PROJET DE DEVELOPPEMENT : une exigence professionnelle et démocratique

Depuis quelques décennies, l’évaluation s’est imposée dans la conduite des actions de développement en s’érigeant comme une composante essentielle dans la gestion de projets. Objectif, rendre compte et qualifier la conduite des projets. L’évaluation permet de porter un jugement de valeur sur la mise en œuvre d’un projet à un moment donné. Elle a une portée politique car elle peut décider de continuer, de changer de cap voire d’arrêter. Le suivi quant à lui repose essentiellement sur la production et la diffusion de l’information sur la mise en œuvre d’un projet. Il est un outil d’aide à la décision. L’évaluation entretient une relation de dépendance avec le suivi, car l’évaluateur outre son expérience, ses outils propres, se nourrit de l’information fournie par le suivi. Aujourd’hui, aucun projet de développement ne peut conduire aux résultats escomptés sans une intégration effective d’un dispositif de suivi-évaluation. En tant que démarche, le suivi-évaluation vise avant tout à mettre en place au cours de l’action, un dispositif de collecte et de traitement de l’information par les acteurs concernés permettant à chaque instant de s’interroger sur les pratiques, la qualité des moyens mobilisés, l’efficacité des processus organisationnels, le respect des engagements pris.

Techniquement, le suivi-évaluation reste un outil au service de l’action, permettant de mesurer les écarts, d’y apporter des correctifs si nécessaire et à un moment donné, de porter un jugement dans un objectif d’amélioration continue des interventions. Des éléments techniques comme les rapports, comptes rendus, procès-verbaux de réunions et/ou rencontres permettent au fil du temps d’avoir un regard sur ce qui se passe dans la gestion d’un projet via une production et une diffusion de l’information. Ainsi dit, le suivi-évaluation est un outil de performance à la disposition des acteurs et au service de la qualification des processus d’intervention. Il est pour chaque acteur, un moyen de renforcer ses propres capacités pour mieux servir l’intérêt du projet en se mobilisant dans la collecte et la partage de l’information. Chacun devient ainsi un maillon de cette organisation permettant de rendre compte au quotidien des activités d’un projet donné. Cette prédisposition de tout un chacun est essentielle, résultat parfois d’un long travail de sensibilisation sur les enjeux de la démarche, les outils mis à profit, les rôles et responsabilités des uns et des autres ainsi que des objectifs poursuivis. Il s’agit avant tout à ce niveau pour les responsables du projet de faire en sorte que chaque acteur, de manière volontaire et coordonnée renseigne sur sa part de responsabilité dans la conduite de l’action globale.

Ce partage de l’information est extrêmement important pour éviter les incompréhensions, les rumeurs et les soupçons entre intervenants d’un même projet. Ce processus itératif peut s’avérer coûteux voire contraignant renvoyant à la disponibilité et à la capacité des acteurs et interrogeant la mobilisation des ressources à cet effet. Cependant, l’élaboration et l’opérationnalisation d’un dispositif de suivi-évaluation est essentiel à la qualification des processus techniques et organisationnels de mise en œuvre d’un projet de développement, par ricochet de la conduite des politiques publiques, primordiale pour améliorer durablement les conditions de vie des populations. L’effectivité d’une démarche de suivi-évaluation est aussi un moyen pour le bénéficiaire de juger de la qualité des résultats obtenus, aux bailleurs de fonds de faire de même pour les ressources mises à disposition, à l’unité de gestion du projet de s’enquérir des résultats obtenus au quotidien et aux institutions politiques nationales de mesurer la contribution des actions posées à l’atteinte des objectifs globaux. Cette dimension multiple et transversale d’un dispositif de suivi-évaluation conduit finalement à rassurer les acteurs en faisant en sorte qu’ils se sentent concernés par la dynamique enclenchée. Travailler ainsi permet aussi de créer un sentiment d’appartenance à une dynamique collective et ainsi créer les conditions de mobilisation de chacun, éléments indispensables à l’atteinte des résultats attendus d’un projet.

Processus ouvert, négocié, transparent, participatif dont les règles et les résultats attendus sont connus d’avance et de tous, voilà en quoi aussi, une démarche de suivi – évaluation est encore qualifiée de démocratique. En outre, pour tout projet de développement, des engagements techniques et financiers sont pris, un contrat politique voire moral défini et accepté. Partant de ces éléments, il est dans l’ordre des choses que les acteurs, partenaires et au-delà, les citoyens, bénéficiaires finaux des actions de développement soient en toute transparence possible de ce qui se passe dans la mise en œuvre d’un projet. Cela est important pour construire des relations de travail fondées sur la confiance et la redevabilité, source d’efficience dans la conduite des politiques publiques. Dans la pratique, pour atteindre ses résultats, tout dispositif de suivi-évaluation doit faire objet d’appropriation par les acteurs avec un partage des objectifs,  de la démarche ; budgétisé pour une prise en charge effective des coûts  et tenant compte de la capacité réelle des acteurs des acteurs à collecter et à traiter l’information recherchée pour renseigner sur l’évolution des activités. Voilà pourquoi, un système de suivi-évaluation doit être imaginé et conçu comme un outil  opérationnel tenant compte des contraintes dans la production et la diffusion de l’information.

Tout système de suivi-évaluation dépend ainsi du projet, de son contexte, de ses objectifs et de la capacité des acteurs à en faire usage. Bien évidemment, dans la complexité des projets de développement où de multiples variables interagissent dans leur mise en œuvre, il est illusoire de penser qu’il serait facile d’atteindre toutes ces exigences. Comme rappelé, un système de suivi-évaluation coûte de l’argent, du temps et fait appel à des compétences. Son élaboration et son opérationnalisation n’est toujours pas chose simple. Outre sa prise en charge financière, il peut remettre au goût du jour des intérêts antagonistes au sein et en dehors du projet, des lourdeurs bureaucratiques, des confrontations de pratiques administratives et/ou culturelles, sources potentielles de blocages. Raison pour laquelle, la démarche doit être pensée et mise en œuvre avec rigueur pour faire en sorte que chaque acteur soit impliqué en toute sécurité pour pleinement jouer sa partition dans son effectivité. C’est en cela aussi que la démarche relève du professionnalisme des acteurs et faisant de chacun, un maillon essentiel de la chaîne dans la collecte et le traitement de l’information, donc lui assignant une responsabilité dans la qualité des livrables du projet.

Plus globalement, un système de suivi-évaluation est un outil :

  • De gestion partagée mettant à la disposition des intervenants dans un projet, chacun en ce qui le concerne, de l’information utile à la décision ;
  • De mobilisation des acteurs et partenaires d’un projet avec ce retour qui leur est assuré et cette possibilité de dialogue sur ce qui passe dans la mise en œuvre du projet ;
  • Au service de la qualité des pratiques de gestion grâce aux échanges sur la démarche de travail et le respect des engagements pris ;
  • Au service de la transparence avec la production et la diffusion d’une information vérifiée et vérifiable ;
  • De communication avec la création et l’animation d’espaces réels ou virtuels d’échanges permettant aux acteurs et partenaires d’interagir.

Ainsi conçue et opérationnalisée, toute démarche de suivi-évaluation est source de valeur ajoutée, un outil de renforcement des capacités des acteurs et de la qualification des processus opérationnels dans  la conduite des projets de développement. Dans un contexte de raréfaction des ressources, de complexité dans la conduite des actions de développement et l’exigence élevée de résultats, un dispositif de suivi-évaluation opérationnel rassure et mobilise les acteurs, crédibilise les interventions et facilite à coup sûr l’atteinte des objectifs d’un projet de développement.

Boubacar Sidighi Diallo, économiste et consultant

 Expert en Décentralisation, Développement local et Coopération

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