Ledjely.com
Accueil » Quel ‘’Grenade’’ croire ?
A la uneActualitésGuinéePolitique

Quel ‘’Grenade’’ croire ?

Lequel des Boubacar Grenade Diallo croire ? Celui qui, en juin dernier, ne tarissait pas d’éloges à l’endroit de l’ancien président, Alpha Condé, et qui se plaignait d’abandon de la part de l’UFDG ? Ou bien celui qui, hier, chez nos confrères de FIM FM, se rétractait d’une certaine façon, en alléguant avoir été soumis à une pression ? Question d’autant plus centrale qu’en cet ex-détenu du régime déchu, on peut reconnaitre bien d’autres personnalités politiques du pays, promptes à la volte-face dès que le contexte évolue.

Grenade à sa sortie de prison

En juin dernier, au lendemain de la grâce présidentielle à lui accordée par le président Alpha Condé, au terme de plus de trois ans de détention, Boubacar Diallo déclarait chez nos confrères d’Espace FM : « Alpha Condé est un grand homme ». Et à FIM FM, il s’en prenait à l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et à son leader en particulier. « Je n’irai pas rencontrer Cellou Dalein Diallo et sa femme parce qu’ils sont allés rencontrer d’autres en prison, pas moi. Je ne suis pas prêt à les rencontrer ». A l’époque, on en avait conclu que le divorce est consommé entre l’UFDG et son jadis militant engagé. D’autant que dans la foulée, à l’instar d’autres responsables du parti, il avait annoncé son éloignement de la bataille politique. En réalité, à l’époque, il semblait si désabusé par le monde politique qu’il recommandait à ses jeunes camarades qui continuaient à se battre au sein du parti de Cellou Dalein, de s’inspirer de son cas.

Le même au lendemain du coup d’Etat

Depuis, on a eu le coup d’Etat surprise du 5 septembre 2021 qui a renversé le régime d’Alpha Condé. Ce dernier gardé au frais dans un lieu tenu secret, l’Assemblée nationale dissoute, les membres du gouvernement renvoyés en retraite anticipée. Mieux, il y a une semaine jour pour jour, une délégation du CNRD était dans les locaux de la mosquée Bambéto pour s’incliner devant les sacrifices consentis par les jeunes de l’Axe. Et comme par enchantement, Boubacar Grenade Diallo revient de nouveau chez nos confrères de FIM FM ce jeudi 28 octobre. Mais cette fois, le ton n’est pas le même. Cette fois, ce ne sont pas l’UFDG et Cellou Dalein Diallo qui sont dans son viseur.  Son arme, il le retourne plutôt contre le régime d’Alpha Condé. Quand il s’est exprimé en juin dernier, dit-il, il était soumis à une pression, voire à un chantage par ce régime-là. « A ma sortie de la prison, les émissaires de la Présidence m’ont dit que l’autre condition de ma libération était de s’attaquer à l’UFDG. Mes conseillers m’ont dit de l’accepter, parce qu’il ne s’agissait pas de mettre la vie de quelqu’un en danger, c’est pourquoi je me suis attaqué au parti », dit-il. Et s’il y a quatre mois, il n’était pas loin de reprocher au parti de Cellou Dalein de s’être rendu coupable d’ingratitude à son égard, cette fois le leader de l’UFDG et son épouse sont redevenus des bons samaritains. « Hadja Halimatou Dalein Diallo me préparait à manger et m’envoyait de l’argent. Un jour, je lui ai dit que j’ai commencé à subir de la pression, puisqu’il y avait des infiltrés parmi nous. Je lui ai demandé de ne pas m’envoyer du riz, et que je veux qu’elle arrête les visites, de m’envoyer de l’argent par Orange Money. C’était mieux ! Je la tenais au courant de tout ce que je faisais en prison. J’ai grandi à l’UFDG. J’ai fait dix ans chez Cellou Dalein Diallo ».

Et si en juin, c’est après avoir demandé pardon à l’ancien président qu’il avait été libéré, cette fois encore, il est question de pardon. « Je demande pardon aux militants du parti de Cellou Dalein au sujet des propos que je tenais à l’égard du parti ». Il s’agissait, dit-il, d’un jeu. Que d’aucuns avaient compris, mais auquel d’autres n’avaient pas adhéré.

L’ambivalence, un sport national

Avec cette ambivalence, les pistes se brouillent. D’autant que dans les deux postures, Grenade a su paraître authentique. Et surtout, cette attitude tendant à épouser le contexte du moment est un sport national. En cela, il n’y a qu’à se rappeler toutes les déclarations d’adhésion à la junte qui nous ont été servies au lendemain du coup d’Etat. Ce, alors que quelques semaines plus tôt, les mêmes organisations, à quelques exceptions près, saluaient le leadership visionnaire de l’ancien président.

Boubacar Sanso BARRY

Articles Similaires

Le Sénégal et sa culture démocratique

LEDJELY.COM

Kaloum : les victimes de l’explosion du dépôt exigent leur dédommagement

LEDJELY.COM

Immersion à Kalako : un rituel qui a perdu de sa symbolique

LEDJELY.COM

Armée : un capitaine radié du BATA

LEDJELY.COM

Décret : le président de la Transition dissout les conseils communaux

LEDJELY.COM

Pr Bano Barry : « La présidence n’est pas une école où on apprend à gouverner »

LEDJELY.COM
Chargement....