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Un sentiment antifrançais en Afrique ?

Cette question mérite bel et bien d’être posée aujourd’hui, car des voix ne cessent de lever sur le continent pour contester la politique africaine de la France. Ce sentiment antifrançais en Afrique s’explique par des faits que l’ancienne puissance colonisatrice dissimule souvent dans ses analyses stratégiques, diplomatiques et politiques pour ses propres intérêts.

En effet, l’évolution d’une nouvelle classe sociale et politique en Afrique a fortement contribué au changement du paradigme politico-diplomatique entre l’Afrique et la France.

La Françafrique, bride de la coopération française en Afrique, avait pour objectifs de préserver le pré carré de l’ancienne puissance colonisatrice sur le berceau de l’humanité, tant sur le plan géostratégique que géopolitique. Un pacte en réalité qui pesait sur la destinée des pays africains plusieurs décennies après l’indépendance, lesquels continuèrent à déposer plus 50% de leurs réserves de change au trésor Français.

Cette relation entre l’Afrique et la France a eu des répercutions négatives sur le continent africain : changements subits des régimes par exemple. La France à tort ou à raison est citée dans plusieurs coup d’états en Afrique.

Nul besoin de rappeler ici que la Françafrique était à la fois un instrument néocolonialiste, mais aussi un outil à la disposition des dirigeants africains d’alors afin protéger et garder leurs fauteuils.

Après la mort des figures de proues de cette doctrine en Afrique, notamment Oumar Bongo, Eyadema père, Houphouët pour ne citer que ceux-ci, et le départ au pouvoir du Président français Nicola Sarkozy, le contexte changea, les acteurs aussi changeâtes.

En 2012, Monsieur François Hollande remporta l’élection présidentielle. Ainsi, il définit son modus operandi et déclara au début de son mandat son intention de mettre fin à la Françafrique.

Axé sur le renouvellement, Monsieur Hollande déclara pendant sa campagne de 2012 qu’il connaissait très mal l’Afrique. Sa volonté d’impulser une nouvelle dynamique de coopération franco-Africaine se confronta aux réalpolitiques. Il en fut un véritable chef de guerre.

Pendant le quinquina Hollande, la France intervint dans plusieurs théâtres d’Operations militaires : janvier 2013 et juillet 2014 sur la demande de Bamako, elle déployât ‘’l’opération serval’’ avec un effectif de 4000 hommes. La même année, la France lança l’opération ‘’Sangaris’’ en Centre Afrique, suite au coup d’état contre l’ex président François Bozizé, sous prétexte de protéger les ressortissants français.

L’opération ‘’Harmattan’’ en mars 2011 en Libye contre le régime Kadhafi a été le véritable goulot d’étranglement des relations franco-africaines. Toutes les crises auxquelles les différents pays du sahel sont confrontés aujourd’hui sont les résultantes directes de la guerre en Libye.

Les Chefs d’Etats africaines s’opposèrent à l’intervention de l’OTAN en Libye pour des raisons que cela pourrait favoriser la prolifération des armes légères dans la région, la monté en puissance de la criminalité et le grand banditisme. Un sentiment diversement apprécié par les africains. Mais une bonne partie de l’opinion pense que le guide suprême de la révolution Libyenne, le colonel Kadhafi, a été victime de sa grande vision pour l’Afrique. Il voulait une Afrique totalement indépendante. À vrai dire, son souhait de créer une monnaie unique à l’union africaine lui a été fatale.

Sans aucun doute, le continent africain a du mal à digérer l’assassinat de Mouammar Kadhafi, car il était perçu comme la vitrine de l’émancipation politique, économique et sociale de l’Afrique.

D’autres facteurs non des moindres doivent être pris en compte. En dix ans, la France a lancé sept opérations militaires en Afrique. Ces opérations sont menées officiellement dans le cadre de soutien aux armées des pays concernés.

L’Hexagone, face à cette nouvelle Afrique, est confronté à une réelle crise d’hommes d’Etats qui maitrisent la politique africaine.

En France, les mentalités ont changé. En Afrique aussi. Pour preuve, la jeunesse africaine devient de plus en plus exigeante, conséquence du développement des réseaux sociaux et des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Indubitablement, la jeunesse africaine, en plus de mieux se sentir dans la réciprocité, a soif de développement et de l’indépendance total aujourd’hui. Des mouvements panafricanistes prennent de l’ampleur partout sur le continent. Clairement, la France doit nous proposer un cadre de relation adéquate conforme aux exigences de la jeunesse du continent africain.

La question que plus d’un se posent aujourd’hui est : la France est-elle en manque d’information sérieuse sur le continent ?

Tout porte à croire que par manque d’informations crédibles sur l’évolution de la société africaine, la France prend souvent des décisions ne favorisant aucunement le bon climat de partenariat en Afrique. Les pays francophones ne disposent pas de statistiques fiables. Les mouvements sociaux sont apostrophés par les partis politiques, les communautés. Bref, la France doit intégrer ces différents éléments dans sa politique étrangère.

Du fait que les peuples africains deviennent de plus en plus hostiles aux forces françaises, le pays de De Gaulle doit réorienter désormais sa politique sécuritaire sur la formation, l’équipement et l’assistance technique des armées africaines.

Sur le plan politique, l’Afrique a des cultures démocratiques différentes. La démocratie, certes universelle, doit intégrer des réalités locales. C’est pourquoi, elle doit s’inspirer des pratiques et mœurs d’un pays à un autre, bien que le droit africain soit la copie du droit occidental.   A ce niveau, les aides que la France pourra apporter aux pays francophones de l’Afrique sont entre autres l’accompagnement technique des institutions administratives et politiques. En plus, elle doit équilibrer ses sources d’informations, en tenant compte des communautés, des mouvements sociaux et des formations politiques. En clair, elle doit avoir un comportement impartial entre les parties.

L’Afrique exige désormais un partenariat franc avec la France.

La France doit proposer à l’Afrique des investissements de développement, en contrepartie, l’Afrique veut des partenariats sécuritaires pour former et équiper ses armées afin qu’elles soient capables de faire face à toutes formes de menaces de toutes formes.

Le dernier sommet de l’Afrique-France aura quel impact sur les relations Africo-françaises ?

En observateur indépendant, je perçois le dernier sommet Afrique-France tenu à Montpellier comme une opération de charme à l’endroit de la jeunesse africaine. Malheureusement, les jeunes présents à ce sommet, sans mandat de la jeunesse africaine il faut le préciser, étaient en réalité des acteurs politiques par endroit. Alors que les sociétés civiles étaient mieux indiquées pour porter le message du continent au Président Macron.

Par ailleurs, il faut apprécier la présence des champions, des jeunes entrepreneurs des startups à ce sommet, qui font bouger le continent, même si le contenu des relations doit être publié. Enfin, la France aurait eu une bonne presse aux yeux de l’opinion africaine surtout si ce sommet se tenait sur le sol africain.

Sidiki Camara

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