Les derniers développements de la situation sociopolitique en Guinée interpellent les organismes de défense des droits de l’homme à travers le monde. La convocation récemment adressée à notre confrère, Mohamed Bangoura, du site mosaiqueguinee, et la dissolution du FNDC venant s’ajouter à une interdiction de manifestation qui court depuis mai 2022, les uns et les autres pointent des risques de dérive de la part des autorités de la Transition. Et c’est en réaction à tout cela que la Directrice adjointe du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’ouest et du centre, Habibatou Gologo, a fait la déclaration ci-dessous :
« Les autorités de la transition guinéenne ont décidé, le lundi 8 août, de dissoudre le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qu’elles qualifient de ‘’mouvement de fait’’ et l’accusent de s’être ‘’toujours illustré par la voie de la violence sur les personnes, la dégradation et la destruction des biens publics et privés, des actes d’incitations à la haine […]’’. Amnesty International est surpris par ces accusations car elle a toujours suivi et documenté les récentes manifestations du FNDC qui étaient de nature pacifique. Elle note toutefois l’usage excessif de la force et de la répression lors de ces manifestations.
« Cette dissolution du FNDC est une grave atteinte aux libertés d’association et de réunion pacifique reconnues par la Constitution guinéenne. Le rôle du FNDC a été déterminant dans la promotion et l’avancement des droits humains en Guinée. Amnesty International appelle les autorités à rétablir le FNDC et à garantir la liberté d’expression et d’association qui sont des droits consacrés par des conventions et traités internationaux relatifs aux droits humains que la Guinée a ratifiés, ainsi que par la Charte de la transition.
« Cette décision vient au moment où Mohamed Bangoura, directeur de publication du site d’information « Mosaïque » a été sommé le week-end dernier de se présenter dans les locaux de la direction du renseignement militaire de l’Etat-major des armées suite à la publication d’un article qui incriminait l’armée dans la disparition d’un camion contenant du médicament antalgique dans un camp. Au même moment, un autre journaliste Mamoudou Boulère Diallo d’Espace TV a été physiquement agressé par une équipe militaire. Ces agissements constituent une régression de la liberté de presse et d’expression.
« Amnesty International appelle les autorités guinéennes à mettre immédiatement un terme aux restrictions disproportionnées des droits à la liberté d’expression et à la liberté d’association et à respecter le droit de la population et de la société civile guinéennes d’exprimer librement leurs opinions, y compris dans les médias. »
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