Le monde des médias a rendu un vibrant hommage à Diallo Souleymane, fondateur du groupe de presse Le Lynx. Une cérémonie de reconnaissance a été organisée à cet effet, ce samedi 29 octobre au Chapiteau du palais du peuple. A l’occasion, des compagnons du journaliste-pionnier et grand défenseur de la liberté, ont tenu à lui témoigner leur reconnaissance et la fierté pour l’héritage qu’il aura contribué à bâtir.
C’est Sanou Kerfalla Cissé, Fondateur de la radio Sabary Fm et ancien journaliste au Groupe de presse Lynx-Lance, qui est à la base de l’initiative. Il est parti de l’idée qu’il faut inverser la tendance sans cesse dénoncée qui a toujours consisté à ne célébrer les grands hommes de ce pays qu’à titre posthume. Partageant l’idée, il n’a eu aucune peine à faire admettre que Diallo Souleymane méritait d’être célébré de son vivant. C’est pourquoi, à l’occasion de la cérémonie de samedi dernier, les initiateurs ont annoncé qu’un prix portant le nom de Diallo Souleymane sera désormais décerné chaque année au plus grand défenseur de la liberté de la presse en Guinée.
Pour en revenir à la cérémonie elle-même, plusieurs anciens collaborateurs ou amis du doyen ont fait des témoignages pleins d’émotion et empreints de reconnaissance à l’endroit du fondateur du groupe Le Lynx. « Que vous soyez vivement félicité pour un immense sacrifice qui vous a conduit à arpenter les couloirs de l’injustice, affronter les juges et gagner les procès. Tout cela au nom du droit d’accès à l’information », lui a ainsi dit Souleymane Thianghel Bah, secrétaire général du ministère de l’Information et de la Communication, qui représentait la ministre, absente de la cérémonie pour des raisons de « manifestations sur l’autouroute « Le Prince » ».
Pour Boubacar Yacine Diallo, Président de la Haute autorité de la communication, le profil que son institution garde de Diallo Souleymane est celui d’un « journaliste professionnel et suffisamment responsable ».
Quant au Président du Conseil national de la Transition, il est revenu sur la transition de 2010 au cours de laquelle, dit-il, il a eu la chance de travailler avec Diallo Souleymane. Ce dernier assurait alors la présidence de la commission communication de l’organe législatif provisoire. « L’épreuve la plus importante, c’est quand il s’agissait de convaincre le bureau exécutif et surtout tous les membres du CNT pour faire passer la loi sur la dépénalisation du délit de la presse. C’est l’expérience la plus importante que je retiens, parce j’ai connu un homme avec une conviction inébranlable. Quelles que soient les épreuves. Même des hommes politiques nous ont contactés pour ne pas que la loi passe, mais Diallo Souleymane a fait le tour de toutes les commissions, il a parlé à tous les conseillers nationaux, un à un, c’est pourquoi c’est une loi qui est passée avec une majorité confortable », a témoigné Dr Dansa Kourouma.
« Je dois l’avouer, j’ai travaillé un peu au Lynx tout en étant à l’époque correspondant de RFI. Souleymane Diallo aime ses amis. Il ne fait pas de différence entre Cubains, Béninois, Congolais, un Sud-Africain », a dit, pour sa part, Serge Daniel, correspondant de la RFI au Mali.
Et c’est ainsi que les témoignages se sont succédé. Les uns plus poignants que les autres. Et avant que le journaliste lui-même ne prenne la parole, un documentaire retraçant son parcours a été projeté. Un récit mettant en exergue tout le combat qu’il a mené au nom et pour le triomphe de la liberté de la presse. Combat qui l’aura notamment conduit en prison.
Dans son message de circonstance, Diallo Souleymane a commencé par remercier les journalistes qui ont initié la cérémonie à son honneur. « Mais je demande de redoubler de vigilance pour suivre d’assez près la culture démocratique dans ce pays. Le journaliste ne saurait s’épanouir en dehors de la liberté, de la culture, de la démocratie, du respect des normes et des lois de la république », a-t-il prodigué.
A ses yeux, la liberté de la presse est comme un immeuble dont certains Etats sont au sous-sol, d’autres au seizième étages ou encore d’autres aux étages supérieurs. « La Guinée n’est pas au sous-sol, jamais ! Elle a fait des pas de géants en matière de liberté de la presse. Elle revendique valablement une place au deuxième étage de l’immeuble », estime-t-il. Toutefois, avertit-il, rien n’est définitivement acquis. « On peut toujours reprendre les escaliers pour monter ou descendre. Le surplace est quasi impossible, tant qu’il y a une manche à franchir ».
Pour sa première édition, le prix « Diallo Souleymane » de la liberté de la presse a été décerné à Diallo Souleymane lui-même.
Aliou Nasta