Le vendredi dernier, le district de Gnaimbou, relevant de la commune rurale de Siguirini, elle-même relevant de la préfecture de Siguiri, a été la cible d’une attaque armée. Les assaillants venus du Mali voisin ont fait penser dans un premier temps à une première incursion djihadiste sur le sol guinéen. Si cette éventualité n’est pas tout à fait à exclure, il semble cependant que l’attaque était l’œuvre de bandits venus dépouiller un commerçant prospère de la localité. Quatre personnes en ont été blessés et d’importantes sommes d’argent emportées.
Les habitants de Gnaimbou, ce district situé à la frontière entre la Guinée et le Mali, sont encore sous le choc. Le vendredi 23 décembre 2022, six bandits en provenance du Mali y sont arrivés à la tombée de la nuit sur des motos. A en croire les témoins, Gnaimbou Madou Condé, un vendeur de motos très connu dans la zone était dans le collimateur des malfrats lourdement armés. « Les tirs ont commencé quand je servais de l’huile à un client. Automatiquement, je me suis enfermée et ils disaient partout qu’ils voulaient voir mon époux. Entre-temps, j’ai entendu Lamine, un de mes enfants et une autre fille qu’ils avaient capturés, crier. Tout de suite, j’ai ouvert la porte et subitement, ils se sont jetés sur moi en me rouant de coups et m’ont demandé où se trouvait l’argent. J’ai dit en premier lieu que je ne savais pas. Après ils ont braqué l’arme sur moi, j’ai sorti l’argent et j’ai mis à leur disposition », Saran, l’épouse de Condé qui, lui, avait fui dans la brousse.
Si le commerçant était visiblement leur cible, les assaillants ont tout de même fait régner la terreur dans le district. Avec de PMAK et de fusils calibre 12, ils ont tiré en l’air pendant une bonne trentaine de minutes. Des tirs qui ont entrainé des blessures sur 4 personnes. « On a fait les premiers soins. Mais sur les quatre blessés admis, nous ne pouvons traiter que trois car la vielle, elle, a été vraiment touchée par la balle. On l’a donc évacuée à l’hôpital préfectoral de Siguiri », explique le chef du poste de santé de Siguirini.
Le lundi dernier, une délégation mixte composée de militaires et de gendarmes s’est rendue sur place. Des dispositions conséquentes ont été prises, annonce le sous-préfet de Siguirini. « Ils sont venus lourdement armés. Deux bandits étaient en tenue militaire malienne et ont utilisé les munitions de militaires. Donc, il faut prendre des dispositions. Un PA composé de plusieurs agents de sécurité et militaires est déjà installé. Pour le moment, il n’y a plus de menace dans cette localité. Le calme et la sérénité sont revenus dans ce village », a indiqué l’adjudant- chef Kaba Konaté.
N’arborant aucun habit laissant croire qu’il s’agirait d’intégristes islamistes, les assaillants ne s’exprimaient pas non plus, selon nos sources, en arabe. Vu qu’ils n’étaient pas enturbannés, on a pu remarquer qu’ils n’avaient pas non plus la barbe fournie. Bref, pour l’instant, l’hypothèse privilégiée serait qu’ils sont des bandits ordinaires. Même si, nous rapporte-t-on, le commerçant qui était ciblé dit ne reconnaître aucune forme de collaboration avec les malfrats en question.
Michel Yaradouno Kankan pour ledjely.com