Les membres de la famille de feu Facinet Sylla et quelques locataires de cette vieille concession située dans le quartier Sandervalia 3ème avenue, en plein cœur de Kaloum, ont expulsés manu militari de leurs maisons hier jeudi, à l’aube, par une équipe de la gendarmerie mobile n°1 de Kaloum. Conséquence, il y a des protestations qui ont débouché sur des interpellations de femmes.
Selon Hadja Fatoumata Sylla, petite-fille de feu Facinet Sylla, c’est aux environs de 5h 30 minutes qu’ils ont été réveillés par une descente musclée des gendarmes de l’escadron mobile n°1 Kaloum. Les agents ont commencé la vaste demeure de gaz lacrymogène. Ensuite, ils se sont mis à décoiffer et à démolir les habitations. “Ils disaient agir au nom du Libanais Mohamed Fawaz qui prétend avoir racheté la demeure des mains d’Aboubacar Sylla (apparenté à la famille, ndlr), à hauteur de 300 millions GNF », raconte Hadja Fatoumata Sylla.
De fait, selon notre interlocutrice, sa grand-mère à elle et le fameux Aboubacar Sylla qu’on accuse d’avoir vendu le domaine ne seraient liés que le fait qu’ils étaient de même père, « mais de mères différentes ». N’empêche ! « Il a passé tout son temps en Côte d’Ivoire et en est revenu bredouille. Après la prise du pouvoir par l’armée en 1984 il a décidé de rentrer au pays. Une fois au bercail, étant l’unique garçon, ma grand-mère lui a remis les documents de la maison. Mais en lui remettant les documents, elle a conseillé au jeune de ne jamais revendre le domaine familial, car ceci est un héritage légué par nos parents. Cette dernière lui a dit qu’au décès de notre père, ce dernier avait fait des malédictions contre toute personne qui qui viendrait à vendre le domaine »
Mais Aboubacar aurait fait le choix d’ignorer les mises en garde. En tout cas, poursuit Hadja Fatoumata, « une fois les documents en possession et surtout après la mort de nos parents, il a commencé à évoquer l’hypothèse de la vente du domaine. Précisément, en 2012, il a insisté à ce que le domaine soit vendu. Mais aucun membre de la famille n’a accepté. Mais il s’est entêté et a a vendu le domaine à un libanais à 300 millions GNF. Ce Libanais du nom de Mohamed Fawaz est venu une première fois démolir notre maison. Nous sommes partis voir l’ex président Alpha Condé qui nous rétablit dans nos droits en reconstruisant toutes les maisons détruites. »
Et c’est le même Fawaz qui serait revenu à la charge, 11 ans après. Aboubacar Sylla n’étant plus de ce monde, le Libanais serait venu voir certains membres opposés à la vente. Il aurait proposé aux uns de construire pour eux une villa en haute banlieue pour les uns, et de l’argent aux autres. Mais les gens n’auraient pas accepté.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que du côté du quartier, on tend plutôt à confirmer la version servie par la famille. « On n’a pas été informés du déguerpissement de cette famille par les gendarmes. En plus, on n’a jamais signé un document pour la vente de ce domaine. Plusieurs fois, ce Libanais et son huissier sont venus nous proposer de signer ce document, mais on a refusé parce que c’était un faux dossier, il y avait aucune entente pour sa vente », atteste Yakhouba Cissé, chef secteur 2 de Sandervalia.
Fodé Soumah