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Lettre ouverte au Colonel Mamadi Doumbouya pour une Guinée post-transition paisible, unie et résolument tournée vers son essor économique

Mon Colonel,

La seule condition d’une paix durable après cette transition, serait l’adhésion de tous les acteurs politiques et sociaux aux conditions que vous aurez proposées pour l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives.

Aucune force, aucune arme, ne saurait venir à bout d’un peuple qui a soif de choisir librement ses dirigeants.

De mon point de vue, la raison principale de notre retard est due aux clivages politiques, créés par nos dirigeants, pour nourrir leurs ambitions démesurées de se maintenir au pouvoir indéfiniment.

Mon Colonel,

Nous craignons fortement que vous ne soyez pris par la tenaille vicieuse et sectaire du système. Débarrassez-vous-en ! Sinon, vous annihilez la substance même de votre discours du 5 septembre 2021.

Mon Colonel,

Je suis certain que vous caressez le rêve de voir votre nom inscrit en lettres d’or dans les annales de l’histoire de notre pays. Pour réaliser ce rêve, il est nécessaire de créer toutes les conditions de transparence et d’inclusion, pouvant aboutir à des élections apaisées et acceptées par tous.

Mon Colonel,

Nul besoin de rappeler que le Capitaine Moussa Dadis a réussi, autant que vous, à réaliser des centaines de Km de goudron dans la ville de Conakry, et en un laps de temps.

Il avait même l’intention de faire mieux que vous dans la lutte contre la corruption.

Son rejet mémorable de la somme 22 millions de dollars qui lui avait été offerte par une entreprise privée de la place illustrait éloquemment cette volonté.

Par contre vous, un journal célèbre de la place, vous a récemment accusé d’avoir porté une montre d’une valeur de Quatre 400 000 euros.

VRAI OU FAUX, cette information a sérieusement écorné votre crédibilité dans la lutte contre la corruption et la dilapidation de nos ressources publiques.

Autre fait et non des moindres : un investisseur sans nom, dans le secteur minier, qui s’intéresse à nos ressources minières, nous aurait offert gracieusement un avion.

Ces deux exemples parmi d’autres, n’honorent pas votre gouvernance.

Aujourd’hui où est Dadis Camara ? Il est au banc des accusés dans un procès simplement parce qu’il avait tenté de s’accrocher au pouvoir.

N’eut été cette rupture, entre celui-ci et les forces vives de la nation, la transition sous le CNDD avait reçu toute l’onction populaire qui pouvait lui permettre de rentrer par la grande porte de l’histoire.

Mais hélas, la boulimie du pouvoir finira par avoir raison de notre fougueux Capitaine.

Mon Colonel,

Retenez ceci, quiconque vous conseille de rompre avec la classe politique et la société civile, majoritaire dans notre pays, représentant 95% de l’électorat, vous pousse indéniablement à commettre une faute grave.

Ce dernier n’est pas votre ami.

Il vous trompe !

Débarrassez-vous-en !

La classe politique et la société civile majoritaire de notre pays ont réussi à entretenir, au cours des dernières années, une forte relation avec le peuple qui ne saurait être ignorée et balayée d’un revers de la main.

Il est donc impératif que vous intégriez, dans vos grandes décisions, la prise en compte de leurs avis.

Soyez cependant vigilant et ne vous laissez pas happer par des intérêts personnels divergents de ceux du peuple et égoïstes.

C’est là, justement, que vous avez besoin d’un sens élevé d’arbitrage dans vos prises de décisions au quotidien.

Quoi que l’on fasse, ces leaders politiques ont acquis une légitimité forte à travers différentes élections et différentes manifestations populaires, et ne sauraient donc être négligés ou mis à l’écart du dialogue politique en cours.

Voyez-vous, il est aujourd’hui impossible de célébrer le Général Sékouba Konaté, sur toute l’étendue du territoire, avec la même allégresse, simplement, parce qu’il est considéré, par une bonne partie de l’opinion, comme un président de transition, partial et injuste dans la conduite de celle-ci en 2010.

Mon Colonel,

Je ne vous souhaiterai nullement le sort du Capitaine Dadis et du Général Sékouba Konaté.

Mon souhait le plus ardent, c’est de vous voir sortir par la grande porte de l’histoire de notre pays.

Ne vous encombrez donc pas de l’ambition de devenir le Pharaon de la Guinée.

Soyez plutôt le Nelson Mandela de notre pays.

Ce leader charismatique, sorti de prison, mais qui réussit à unir et à mettre au travail une nation multi-raciale divisée et meurtrie, en seulement un mandat et pas plus.

Ceux qui vous conseillent d’être ce grand bâtisseur vous induisent en erreur car le temps qui vous est imparti est réduit.

Si vous voulez être ce Pharaon bâtisseur, il va falloir revenir plus tard, pour solliciter deux mandats présidentiels de vos concitoyens.

Puisque vous êtes jeune, ce projet est bien possible.

À une seule condition ! Au sortir de cette transition, il vous faudra laisser une nation réconciliée et en paix.

Mon Colonel,

Vous avez beau construire des infrastructures, les Guinéens ne vous porteront jamais dans leurs cœurs, dès lors que vous tenterez de choisir leurs dirigeants à leur place.

Nous sommes aujourd’hui à l’ère du numérique. Les citoyens sont très jaloux de leurs libertés à choisir leurs propres dirigeants.

Les Guinéens sont aujourd’hui bien informés.

Ne portez donc aucun agenda caché avec pour seul objectif de choisir à leur place.

Mon Colonel,

Êtes-vous réellement en train de tuer l’ethnie ? Moi j’en doute fort.

Le manque de volonté de votre régime de divulguer la liste des Membres du CNRD, serait-il lié au manque de diversité et de représentativité de cet organe ?

En tout cas, certains observateurs seraient de cet avis.

Vous avez promis de tuer l’ethnie, je prie Dieu que vous atteigniez cet objectif avant votre départ du pouvoir. Ce sera votre plus grande réussite. À défaut, vous aurez échoué.

Je puis croire en votre bonne foi, cependant, il vous faut faire preuve de beaucoup de sagesse pour être en mesure de réussir les arbitrages délicats dans vos prises de décisions au quotidien.

Diriger une nation guinéenne aux clivages profonds, exige cette grande sagesse. Je prie Dieu de vous en doter.

Mon Colonel, je vous conseille de vous porter garant d’une Guinée post-transition paisible, unie et résolument tournée vers son développement.

Mon Colonel, 

Vous pouvez bien être la solution.

Mais n’oubliez jamais que vous avez été le problème au départ.

Nul besoin de rappeler que vous avez été le bouclier qui a permis à l’ancien régime déchu de réussir son projet de 3ème mandat.

Le pardon est une grande vertu.

Le peuple de Guinée est prêt à vous pardonner pour avoir été le dernier mur de protection qui permettra la réussite du 3ème mandat.

À condition toutefois que vous réconciliez toutes ses communautés. Cette réconciliation permettra de créer les conditions d’une paix durable et profitable à tous lors de votre départ du pouvoir.

Je prie Dieu encore une fois pour que vous réussissiez ce pari de l’unité et de la paix.

Retenez-le, aucun projet sérieux durant cette transition ne survivrait à des troubles post-électoraux.

Puisse Dieu nous en préserver.

Or, si les Guinéens n’ont pas l’opportunité de choisir eux-mêmes leurs dirigeants, rien ne garantit que ceux-là mêmes que votre gouvernement choisirait, adouberait et plébisciterait, par des combines, en lieu et place du choix souverain des électeurs, puissent conduire le pays vers la stabilité et l’essor économique.

C’est pourquoi la question que vous devriez vous poser chaque matin en vous rasant est la suivante : Comment laisser une nation réconciliée et en paix, au soir des 24 mois de cette transition ?

J’ai cependant l’impression que votre préoccupation majeure reste les infrastructures que vous ambitionnez de laisser derrière vous.

Mon Colonel,

Je vous suggère humblement de changer de paradigme pour que vous rentriez définitivement dans nos cœurs, pour que l’histoire retienne votre nom de façon positive.

Fraternellement,

Votre sanakou.

Alpha Mamadou Diallo alias AMD.

Expert en Laboratoire de Mines

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