Hier vendredi 24 mars, les jeunes du quartier Dar-es-Salam, dans la commune de Matoto, ont organisé une manifestation de protestation contre la fumée qui se dégage de la décharge publique de déchets. Celle-là même où un éboulement avait entrainé la mort d’au moins 7 personnes en 2018.
Les jeunes expliquent leur irritation par la négligence et la passivité dont les autorités feraient montre vis-à-vis du calvaire qu’eux et leurs parents endurent depuis des années. « Nous avons voulu manifester notre ras-le bol, puisque depuis des années nous vivons dans cette situation pénible. Nous avons alerté les autorités mais aucune suite favorable, nous vivons ici mais pas en santé, c’est pourquoi nous avons décidé de sortir. On ne peut plus continuer dans cette souffrance », a expliqué Alpha Amadou Camara, un des jeunes meneurs du mouvement de protestation.
D’ores et déjà, au-delà de la protestation dans la rue, les jeunes ont également initié une pétition dont les premiers signataires sont les leaders religieux du quartier. Sur les raisons de l’implication des imams dans la revendication, Mouctar Bah explique : « Nous sommes passés par les imams pourquoi ? Parce que l’Etat, quand il a besoin de nous, il passe par les imams. Il y a eu la Covid-19, ils sont passés par les religieux pour nous faire porter les bavettes, alors qu’avant l’avènement du Covid, on connaissait les masques. Avec la fumée, on ne voit même plus la décharge en question. Donc, nous sommes passés par les responsables religieux pour lancer la pétition juste après la rupture du jeûne ».
Mouctar Bah souligne en outre qu’au-delà des riverains, ce sont tous les habitants de Conakry qui devraient se sentir concernés par la cause touchant à la décharge publique de Dar-es-Salam. « Pour ce qui est de cette décharge, il ne s’agit plus d’une entité mais de tout Conakry. Aujourd’hui, l’orientation de la fumée dépend de la direction du vent. Si le vent l’envoie sur la corniche sud ou nord, c’est là-bas qu’elle ira. C’est à cause de tous ses maux que nous avons initié cette pétition. Nous n’avons été chez aucune autorité. C’est quand on aura fini de recueillir la signature des populations environnantes, qu’on va commencer certaines démarches ». Ceci étant, le quartier abritant la décharge est certainement le plus touché. « Quand nos mamans cuisinent, elles le font avec les ordures de tout Conakry », note en effet Mouctar.
La manifestation s’est achevée par la présentation et la signature du document par les notables du quartier et par des prières pour que leur problème soit pris en compte, un document dans lequel on peut retrouver tous les maux des habitants de cette décharge.
Aminata Camara