Ledjely.com
Accueil » Mali : le référendum qui ne garantit rien
A la uneActualitésAfriquePolitique

Mali : le référendum qui ne garantit rien

En d’autres circonstances, il y aurait de quoi se féliciter de la tenue, ce dimanche 18 juin, du référendum au Mali. Il signifierait en effet que nous nous acheminons vers le retour à l’ordre constitutionnel dans la première des trois transitions que l’on vit dans l’espace CEDEAO. Mais la fin de la transition n’étant pas forcément synonyme de restitution du pouvoir aux civils, avec Assimi Goïta et ses hommes, il faut se garder de toute célébration. Et décidément, les Maliens eux-mêmes commencent à se lasser de la soldatesque. En tout cas, ils n’ont pas été particulièrement nombreux à répondre à l’appel au vote. C’est à croire que la recette souverainiste qui a poussé les autorités maliennes à demander le départ de la Minusma, commence à ne plus payer.

Faible mobilisation

Nul doute que le oui l’emportera. Mais quelle sera la proportion des Maliens qui auront fait le choix d’approuver la constitution proposée par la junte malienne ? Là est toute la question. A en croire la Mission d’observation des élections au Mali qui a déployé quelques 3000 observateurs hier dimanche, ce référendum n’a pas une grande affluence. Elle estime à seulement 27 % le taux de participation. Plusieurs facteurs peuvent rendre compte de cette faible mobilisation. En premier, l’insécurité qui est l’explication à la non-tenue du vote dans la région de Kidal. Il s’y ajoute les attaques perpétrées contre des bureaux dans bien de circonscriptions du pays. Toutes choses qui auront empêché ou perturbé le vote dans ces localités. Enfin, en raison de la menace terroriste ambiante, certains électeurs ont raisonnablement fait le choix de ne se déplacer vers leurs bureaux de vote.

Constitution controversée

Mais il n’y a pas que ce facteur sécuritaire. L’autre élément pouvant avoir eu raison de l’enthousiasme des électeurs, c’est la controverse qui entoure la constitution. Celle-ci est en effet loin de faire l’unanimité entre les grands acteurs sociopolitiques maliens. Si les mouvements armés lui reprochent le fait qu’il ne prend pas en compte l’accord d’Alger, d’autres mettent en avant l’approche cavalière qui aura entouré sa soumission au référendum. La junte n’ayant pas pris le temps d’écouter et de prendre en compte tous les griefs soulevés çà et là. Enfin, beaucoup d’autres Maliens dénoncent de la part de cette nouvelle constitution la part belle qu’elle fait à dessein, pense-t-on, au futur président de la république qui sera quasiment un monarque. Alors que la tendance dans la sous-région est justement de réduire la prééminence du chef de l’Etant dans le fonctionnement des pays, le Mali fait le choix inverse. Plutôt curieux, il est vrai !

Désenchantement

Voilà qui est d’autant plus suspect que rien n’interdit dans les faits aux membres de la junte en général et à Assimi Goïta en particulier de se porter justement candidat à la future présidentielle. Le Mali pourrait donc sortir de la transition, sans changer cependant d’équipe dirigeante. C’est cela la plus grande source de méfiance entre les autorités de la transition et les citoyens maliens. L’instrumentalisation du sentiment anti-français et un usage abusif du populisme aidant, les militaires maliens ont certes réussi à s’offrir quasiment trois ans à la tête du pays. Mais il n’est pas sûr que tous les Maliens soient prêts à continuer à se nourrir de ce ‘’souverainisme de mauvais aloi’’ pendant 5 voire 10 ans encore. Surtout que ce nationalisme primaire ne s’accompagne ni du retour de la sécurité, ni du développement tant miroité. Ce désenchantement-là aussi est voir dans le peu d’engouement que le référendum semble avoir suscité chez les électeurs maliens.

Boubacar Sanso Barry

Articles Similaires

Réforme du système éducatif guinéen : Accessibilité, équité et simplification

LEDJELY.COM

Enseignement supérieur : l’ANAQ lance les épreuves de la première édition des olympiades nationales universitaires de Guinée

LEDJELY.COM

Charles Wright en dîner avec Djani Alfa ? Faux !

LEDJELY.COM

Manifs à Lero : plusieurs prévenus transférés à la maison centrale de Kankan

LEDJELY.COM

Guinée : Plan International et Femme Tech innovante célèbrent la journée internationale des jeunes filles dans les TIC

LEDJELY.COM

Kankan : du chanvre indien et des objets tranchants saisis à la maison d’arrêt

LEDJELY.COM
Chargement....