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Retour à l’ordre constitutionnel : Pourquoi la communauté internationale tarde à financer le budget de Mory Condé ?

Le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation l’a lui-même explicitement déploré le lundi dernier, à l’issue de la toute première réunion du Comité de pilotage du Comité de suivi-évaluation de la mise en œuvre du chronogramme de la Transition. Les partenaires extérieurs ne se bousculent guère pour financer le budget du retour à l’ordre constitutionnel. Mais pourquoi l’Union européenne, les Nations unies, les Etats-Unis, entre autres, trainent-ils les pieds ? Trouveraient-ils le budget déraisonnable ? Ou bien y aurait-il d’autres raisons susceptibles de rendre compte de leur méfiance ? En somme, à quel niveau, les choses coincent-elles ? Ledjely a glané quelques réponses.

Par les temps qui courent, les sources diplomatiques sont plutôt « frileuses ». Personne ne veut clairement critiquer les autorités guinéennes. Mais entre les mots, on se rend bien compte que les partenaires de la Guinée ne partagent pas fondamentalement le schéma tracé par le gouvernement quant au retour à l’ordre constitutionnel. Aussi bien sur le fond que sur la forme.

D’abord, les interlocuteurs avec lesquels notre rédaction a pu échanger ne comprennent pas l’accusation que le ministre de l’Administration du territoire, a sortie le lundi dernier à propos des partenaires techniques qui tarderaient à honorer leurs engagements quant à leur apport pour le retour à l’ordre constitutionnel. « C’est un reproche qui était d’autant plus incompréhensible qu’officiellement, on n’avait pas reçu le budget ». Certes, le vendredi 28 avril 2023, le ministre Mory Condé, faisant un premier point sur le niveau d’exécution du chronogramme de la Transition, avait dévoilé pour la première fois le budget du retour à l’ordre constitutionnel. Une copie avait à l’occasion été partagée à tous les participants à la rencontre, dont les diplomates conviés. « Mais ensuite, ils avaient repris les copies en prétextant que celles-ci étaient truffées de coquilles qu’il fallait corriger. Ils nous avaient alors promis de faire parvenir la version corrigée par voie électronique ». Sauf que, aucun mail n’est arrivé de la part du ministère de l’Administration du territoire. Et ce n’est qu’à la veille de la réunion du 12 juin dernier, qu’en marge de l’invitation à eux adressée, une copie du budget a été jointe à l’intention des partenaires étrangers de la Guinée. Dans un tel contexte, est-il correct de leur reprocher un quelconque retard ? « Ecoutez, je ne sais pas », répond, prudent, un diplomate de la sous-région.

Au-delà de ce débat de pure forme, il y a la question de fond : Le budget de 611 millions de dollars que réclame Mory Condé est-il raisonnable ? Là aussi, les avis que nous avons pu recueillir sont empreints d’une extrême prudence. En réalité, personne n’ose envisager la question sous l’angle du budget raisonnable ou pas. Ceci dit, tout le monde exige le détail de ce budget. Par exemple, quand le gouvernement guinéen avance qu’il faut près de 593 milliards GNF pour élaborer le fichier électoral, la communauté internationale se refuse à crier qu’une telle estimation est surréaliste. Mais en retour, elle demande au ministère de l’Administration et de la Décentralisation, quelles sont les tâches ou équipements dont le financement cumulé s’établit à ce montant. « Nous voulons avoir les détails, au-delà des chiffres globaux, nous cherchons à avoir les détails des lignes », confirme un diplomate d’un pays occidental.  En tout état de cause, la « contribution de la communauté internationale (Nations unies, Union européenne, Etats-Unis, etc.) pourrait s’établir tout juste autour de 80 millions d’euros », confie une source.

Outre le volet budget, il y a une petite incompréhension entre la Guinée et ses partenaires à propos de la méthodologie d’élaboration du fichier électoral. Les autorités guinéennes tiennent à ce que ce fichier soit déduit du celui qui sera issu du Recensement administratif à vocation d’état-civil (RAVEC). Ce n’est pas exactement ainsi que la CEDEAO envisageait les choses à la signature, en octobre dernier, du compromis dynamique sur les 24 mois. « C’est vrai qu’il y a une confusion autour de ce point. Mais peut-être que le temps aidera à clarifier les choses », susurre prudemment un informateur.

Mais au-delà de toutes ces questions, l’annulation brusque de la mission que le médiateur béninois, Thomas Boni Yayi, devait effectuer à partir de ce lundi à Conakry, vient alourdir davantage les relations entre la Guinée et ses partenaires.

Boubacar Sanso Barry

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