Il fut un temps où, selon Mohamed Camara, habitant du quartier, Béhanzin était bien organisé du point de vue de l’assainissement. « Avant, on avait des poubelles installées partout. Les gens venaient déposer les ordures là-dedans. Et les véhicules venaient à tout moment ramasser », se rappelle-t-il avec un brin de nostalgie. Mais ce temps-là est révolu décidément. « Désormais, le quartier est dans un abandon total. Les citoyens se débrouillent comme ils peuvent. C’est ainsi que certains profitent de la nuit pour venir déverser les ordures à même la rue », se plaint Mohamed qui indique en outre que les nombreuses interpellations des autorités sont jusqu’ici tombées dans des oreilles sourdes.
Cette situation, Kadiatou Camara, ménagère, en est peinée. Abonnée à une PME auprès de laquelle elle verse 30 000 GNF par mois, elle ne comprend pas que les agents ne viennent pas aussi régulièrement ramasser les ordures. En attendant, confie-t-elle : « on craint pour notre santé et celle de nos familles en cette période pluvieuse ».
Sollicité par notre reporter, Mohamed Diaby, jeune leader du quartier impute la responsabilité au conseil de quartier. « C’est le conseil de quartier qui ne fournit pas d’effort. Il n’y a aucun site de dépôt des ordures dans le quartier. Il n’y a pas non plus le moindre accompagnement pour mobiliser les jeunes pour le nettoyage », accuse-t-il.
Mais ces accusations, le conseil de quartier les réfute. Dans un premier temps, Mme Dabo, présidente du conseil de quartier situe la responsabilité de la saleté qu’elle ne nie point, au niveau de citoyens eux-mêmes. « Cela dépend de l’incivisme des habitants. Une fois qu’il pleut, les habitants en profitent pour jeter les ordures dans les caniveaux et dans la rue », réplique-t-elle. Mais au-delà, elle trouve que le quartier est oublié par les autorités municipales. « Dans le cadre des opérations de nettoyage qu’il y a eu, l’Etat se limite aux routes. On ne rentre pas dans le quartier ».
A ceux qui l’accusent d’immobilisme et d’indifférence vis-à-vis de l’image peu reluisante du quartier, elle rétorque, au contraire, que c’est à elle qu’on doit les rares coups de balai dont le quartier a été l’objet. « Chaque fois, c’est moi qui m’mobilise les jeunes avec mes propres moyens pour assainir le quartier. Après, vu qu’il n’y a pas de ramassage, quand il pleut, les ordures s’éparpillent. J’ai déposé des lettres à la commune pour qu’on m’aide à avoir des matériels. Nous n’avons que deux PME qui ne viennent pas ramasser les ordures. Je me débrouille avec mes propres moyens, je ne suis pas payée (…) C’est ce qui a découragé les jeunes car il n’y a pas d’accompagnement. Je ne suis pas écoutée par le maire, j’ai tout fait mais en vain. Quand les jeunes se révoltent, ils s’en prennent à moi, parce qu’ils croient que c’est moi », déclare-t-elle, visiblement agacée.
Mme Dabo insinue même l’hypothèse que les ressources allouées à l’assainissement feraient l’objet de malversations. En tout cas, dit-elle : « Chaque fois, on me signale qu’à la commune, il y a un fonds qui est débloqué pour mon quartier, mais moi je ne vois rien ».
L’équipe du maire Mamadouba Tos Camara est donc interpellée
Sayon Camara
