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Dar- es-Salam : la décharge publique, l’autre site à risque que l’on néglige !

L’incendie lui-même aurait pu se produire à tout moment. Mais pour ce qui est des dégâts notamment en termes de pertes humaines, tout le monde s’accorde à reconnaître qu’on aurait pu les limiter si l’Etat avait pris en compte les alertes se rapportant au lieu d’implantation du dépôt de carburant à Kaloum. Depuis des années, tous les acteurs suggèrent qu’il soit délocalisé dans une zone moins peuplée. Mais l’Etat a trainé les pieds jusqu’à ce qu’arrive le drame de la semaine dernière. Eh bien, la décharge publique de Dar-es-Salam, elle aussi, a fait l’objet des mêmes alertes. D’ailleurs, en août 2017, elle avait elle-même entrainé son lot de drame. Mais là aussi, l’immobilisme de l’Etat l’emporte pour l’heure. Jusqu’à la…prochaine tragédie ?

Depuis des années, les citoyens du quartier Dar es Salam partagent leur quotidien avec ce voisin inconfortable. Parce qu’en dépit des risques de santé et des drames qu’elle a provoqués, la décharge publique du quartier demeure toujours en place. Les émotions et compassions étant généralement circonstancielles. Conséquence, les riverains continuent d’absorber la fumée ocre qui s’en dégage et de humer l’insupportable odeur qui en émane.

Les responsables du quartier ont mené toutes les démarches qu’il fallait, ont contacté toutes les autorités. Mais aucune suite. « Nous traversons une souffrance qui ne dit pas son nom. Il n’y a pas un seul habitant de ce secteur et de ses environs qui soit en bonne santé. Il y a quelques jours, j’étais à l’hôpital, les médecins m’ont demandé si je fumais. J’ai répondu que je ne fumais pas.  Mais ce n’est qu’ils avaient trouvé des traces cigarettes, mais c’était simplement cette fumée que nous inhalons tous les jours », décrit Facely Mara, chef du quartier.  Outre la fumée, il se plaint de la poussière qui fait que « nous sommes à tout moment sals puisque la fumée accompagnée de la poussière constitue notre quotidien ».

Pourtant, pour M. Mara et ses concitoyens, le bout du tunnel n’est pas pour demain. Car lui-même le reconnait, ce ne sont plus que les citoyens qui déversent les déchets ménagers dans cette décharge. Le site accueille aussi le contenu des camions de ramassage d’ordures. « Il n’y a pas une seule autorité qui ne soit pas informée de cette situation. Mais aucune suite favorable. C’est bien regrettable qu’en 2023, des citoyens soient obligés de cohabiter avec les ordures en plein cœur de la capitale », proteste encore le chef de quartier.

Seydouba Soumah, lui, trouve son bonheur dans cette même décharge. Il vient y ramasser des objets précieux tels le fer ou l’aluminium qu’il vendra par la suite.  Sa famille y voit depuis 14 ans. Conscient des dangers auxquels il s’expose, il dit n’avoir pas le choix. « Je suis dans cette activité, pas parce qu’on le veut, mais l’obligation est là, puisque nous devons vivre. Autrement, je suis étudiant en Géo-mines de Boké », précise-t-il.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que son activité lui rapporte d’une certaine façon. Parce qu’il lui arrive de répartir de là  avec 500 000 GNF, voire plus.  Toutefois, admet-il : « la fumée là n’est pas bonne pour la santé »

Ironie du sort, il prodigue des conseils.  « Que les gens ne privilégient pas le gain qu’ils tirent de ce travail de tri et de concassage aux abords de la décharge au détriment de leur santé. Puisque nous cherchons les billets de banque pour être heureux et non le contraire », recommande-t-il.

Aboubacar Camara lui aussi se livre à la même activité. « C’est ici que je trouve ma vie pour éviter de mendier ou encore d’être à la merci de quelqu’un », explique-t-il d’entrée. Mais il avoue : « franchement, le fait d’être là, je n’en suis pas content. Mais pour subvenir à mes besoins, il me faut faire quelque chose ».

Aboubacar lui-même ne se rappelle pas avoir été à l’hôpital pour des problèmes ayant été générés par la décharge publique. Mais par contre, il connait des amis qui en sont affectés. Ainsi, il n’opposerait guère à une initiative visant à délocaliser la décharge pour épargner des vies.

Mais il n’est pas sûr que l’Etat, plus prompte à réagir qu’à anticiper, entende cette recommandation.

Aliou Maci Diallo pour leDjely.com

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