Visiblement sous le régime des refondateurs en Guinée, l’empathie de l’Etat souffre d’équilibre. La Guinée a enregistré successivement les samedi 16 et dimanche 17 décembre 2023, deux drames qui ont coûté la vie à environ trente-une (36) personnes, selon les statistiques officielles, disponibles jusque-là.
Le premier de ces drames concerne un bus qui était en partance pour le sud de la Guinée, précisément pour N’zérékoré et qui s’est renversé dans un district de Faranah, faisant 13 morts et plusieurs blessés graves, selon les premières infos publiées au moment du drame. Cela s’est passé le samedi 16 décembre 2023. Le second drame, survenu dans la capitale Conakry, dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18 décembre, portait sur le grave incendie, ayant provoqué l’explosion du plus grand dépôt pétrolier de la Guinée. Cette tragédie a fait à date 23 morts – le bilan était de 18 morts au moment de la prise de parole du président – plusieurs blessés graves, et d’innombrables dégâts matériels.
En pareille circonstance, une prise de parole par celui qui incarne au premier chef, l’Etat, est attendue. Ce qui a été ardemment demandé par l’opinion publique, dès les heures qui ont suivi l’incendie ravageur et meurtrier du dépôt pétrolier de Kaloum. Finalement le colonel Mamadi DOUMBOUYA a pris la parole le mercredi 20 décembre 2023. Certes, il s’est livré à cet exercice au troisième jour après l’incendie du dépôt pétrolier, et au quatrième jour de l’accident tragique de la route à Faranah. Son apparition physique, l’expression de son empathie personnelle et celle de l’Etat, restent à noter de façon positive.
Cependant, si le drame survenu à Conakry a été plus retentissant en Guinée comme en dehors de nos frontières, peut-on comprendre que l’on ait oublié au même moment les plusieurs morts survenus pratiquement dans le même temps, dans le grave accident de la route. La réponse est non.
Il reste évident qu’à l’occasion de la prise unique, et de circonstance de la parole par le chef de l’Etat, mention devait être faite de ces 13 morts, suite à l’accident tragique de la route, survenu la veille même de l’incendie de Conakry. Car une vie est égale à une autre, quelles que soient les circonstances. Malheureusement, ceux qui, aux côtés du chef de l’Etat, dont le boulot est de tenir compte de ces détails importants, préfèrent toujours la recette de la flagornerie, du coup d’encensoir, au détriment de ce qui est attendu d’eux.
Que penseront les proches de ces autres Guinéens qui, la veille du drame du dépôt pétrolier, ont perdu les leurs au nombre de 13 dans un accident, et auraient voulu entendre leur chef de l’Etat exprimer sa pensée pour ceux-là aussi ?
Seuls ceux qui ont légèrement griffonné ce discours du colonel Mamadi DOUMBOUYA, et qui avaient certainement conseillé à ce dernier de se garder de toute prise de parole et d’apparition sur les ruines de l’incendie ravageur et meurtrier, devraient y répondre. En sorte que ce n’est qu’hier, profitant de la fête de Noël, que le chef de l’Etat s’est rendu sur le site et au chevet des victimes alités dans les principaux hôpitaux du pays
Mamadou Oury DIALLO