C’est l’autre conséquence de l’explosion du dépôt de carburant que l’on n’a pas vu venir. S’estimant oubliées, les femmes du quartier Coronthie – qui abritait le dépôt – ont battu le pavé ce jeudi pour exiger la reconstruction de leurs domiciles, fissurés et détruits. Et pour faire entendre leur colère, elles ont bloqué l’accès au centre-ville de Kaloum, en érigeant des barricades sur les principaux points d’accès. Les automobilistes sont contraints de laisser leurs engins au niveau du pont 8 novembre.
Les femmes de Coronthie se disent à l’abandon depuis que l’explosion du dépôt d’hydrocarbures s’est produite. En dehors de l’indignation de circonstance qui inondée les réseaux sociaux, aux premières heures de la tragédie, elles auraient été tout simplement oubliées. « M’Mahawa Sylla zéro“; “Gouverneur zéro“; “Chef de quartier zéro’’, scandaient-elles en chœur de jeudi.
D’une part, l’Etat les aurait empêchées de reconstruire leurs domiciles, et de l’autre, ce même Etat ne se hâterait à les reconstruire. « C’est pourquoi nous sommes sortis aujourd’hui pour empêcher tout travail », a lancé l’une d’entre elles. Qui s’est empressée de préciser : « Aujourd’hui, c’est juste pour lancer l’alerte. Lundi prochain nous sortirons à 4h du matin pour manifester ».
Elles se disent aussi avoir été flouées par rapport à la répartition des denrées. Contrairement à ce qui était promis, les victimes n’auraient pas eu droit aux dons. Elles accusent en particulier le Gouvernorat d’avoir expédié les vivres dans les quartiers de la haute banlieue de la capitale, à destination de proches et de connaissances. Et quand elles en ont parlé hier à la gouverneure de la ville de Conakry, celle-ci ne les aurait pas écoutées. « La Gouverneure nous a manqué de respect hier en nous disant de quitter devant elle. Que nous les femmes de Coronthie nous n’avons pas honte ».
A rappeler que ces manifestations ont occasionnée des embouteillages monstres à la rentrée de Kaloum. Des bouchons qui s’étendent à des kilomètres à partir du pont 8 novembre.
Fodé Soumah