Située dans la sous-préfecture de Diécké, au sud du pays, l’unité agro-industrielle de la société guinéenne de palmier à huile et d’hévéa (SOGUIPHA) dont les travailleurs traversent des moments difficiles depuis un certain temps, est confrontée en outre à une crise dans les rangs du syndicat. Une crise plutôt paradoxale dans la mesure où les syndicalistes sont eux-mêmes censés défendre les travailleurs. Mais au lieu de cela, ils sont plutôt à couteaux tirés, sur fond de rivalité et de clanisme, nous rapporte-t-on.
Avec plus de 3 000 travailleurs, la SOGUIPAH est considérée comme l’une des sociétés qui emploie plus après l’Etat. Pour autant, on ne peut pas dire que ces travailleurs se portent bien. Or, cela ne risque pas de s’arranger quand le syndicat qui doit se préoccuper de leurs conditions de travail, est lui-même empêtré dans ses propres divisions.
Selon nos informations, la crise qui risque de faire exploser le syndicat ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonterait en effet de la mise en place, en juillet 2023, d’un nouveau bureau du syndicat. Un nouveau bureau de 26 membres qui devait servir d’interface entre les travailleurs et la Direction de la SOGUIPAH, tout en défendant les travailleurs.
Mais les guerres d’ego et d’autre considérations l’ont éloigné de ces missions. La situation pourrissant, les membres s’entredéchireraient aujourd’hui.
Angeline Kamano, membre du bureau dont le mandat est arrivé à terme en 2023 a été reconduite dans le nouveau, au poste de trésorière. Se présentant en victime, elle explique comment les choses se sont progressivement dégradées au sein du nouveau bureau. « La structure syndicale qui était là, son mandat était déjà fini. Donc, ils ont essayé de renouveler la structure et certains membres du bureau sortant ont été reconduits dont moi et d’autres nouvelles figures. C’est après l’élection que j’ai constaté le comportement peu orthodoxe de certains membres de ce nouveau bureau notamment le secrétaire général. Il était à la solde de la direction. Parce que lors de l’élection, les critères n’ont pas été respectés. C’est de là qu’est parti notre désaccord. Je trouve que lui et son clan étaient corrompus. Quand je me suis opposée et j’ai dénoncé cela, c’est ainsi je suis devenue la bête noire du secrétaire général qui en veut à ma tête », accuse-t-elle.
Conséquence, elle est de plus en plus écartée de la gestion du syndicat, se plaint-elle : « Depuis lors, je suis moins associée aux activités du syndicat pour ne pas dire que je ne suis pas associée. En tant que trésorière, ils ont revendu les cartes syndicales à tous les travailleurs, à raison 65 000 GNF par carte aux plus de 3000 employés. Je n’ai ni de près ni de loin été associée. Nous ne défendons plus les travailleurs mais plutôt se mettre du côté de la direction. La paie retarde et les gens vivent dans les conditions très difficiles. Pas de matériels adéquats de protection pour les employés sur les sites. Lors de la fête internationale des droits de la femme du mois de mars 2024, comme on ne permettait pas au syndicat de s’exprimer, j’ai profité de la conférence qui été organisée à cet effet, j’ai dénoncé les conditions dans lesquelles vivent les travailleurs notamment les femmes de la SOGUIPAH en ce qui concerne leurs droits. Après j’ai fait une publication sur les réseaux sociaux pour dénoncer le retard dans le paiement des salaires. Ils sont allés dire à la direction que j’ai dénigré la société. Suite à cela j’ai été convoquée et sommée d’aller avec d’une lettre d’explication »
Angeline Kamano dit aujourd’hui menacée de licenciement.
Joint au téléphone, le secrétaire général du syndicat mis en cause, a balayé d’un revers de main les accusations contre sa personne. « Si j’ai rapporté quelqu’un, la justice est là et la personne peut porter plainte. Ce n’est pas mon travail ça et cela ne me ressemble pas », réagit brièvement, Cheick Abdoul Samoura.
Niouma Lazare Kamano, correspondant régional pour ledjely.com